Une mer aussi riche que fragile

Le patrimoine de la Méditerranée, aussi riche que fragile, est extrêmement pollué. Assaillie par le trafic maritime et le tourisme, les pesticides et les substances rejetées chaque année, sans compter les milliards de micro-fragments de plastique qui flottent à la surface de l’eau, la biodiversité étouffe. Roland Courteau, sénateur jusqu’en 2008, publie un rapport “Mer Méditerranée, horizon 2030”, dans lequel il annonce le “point de non-retour” vers lequel on se dirige.

Sur les plages de la Côte d'Azur, la pollution plastique est apparente (Crédit photo : Eva Garcin)

Sur les plages de la Côte d’Azur, la pollution plastique est apparente (Crédit photo : Eva Garcin)

Erwan Morio travaille à Toulon, il plonge sous le port et le nettoie. “On trouve de tout. Des cartouches de munitions, des bidons pleins de gazole, des chaises. Les mégots de cigarette recouvrent le sol. Sans compter les épaves, on remonte beaucoup de fer railles“. Si les fonds marins sont jonchés d’ordures, la surface de la mer en est recouverte. 290 000 milliards de micro-plastiques ont été recensés dans la partie nord occidentale de la Méditerranée, soit 115 000 éléments par km². Ces fragments mesurent entre 0,3 et 5 mm, et constituent les quelques 500 tonnes de plastiques flottant dans le bassin méditerranéen. Ces micro-déchets représentent une menace pour la biodiversité marine : ils fixent les polluants, qui se transmettent par le biais des phytoplanctons, la base de la chaine alimentaire des animaux marins. Les macro-déchets quant à eux sont plus gros. La recrudescence des méduses que l’on connaît depuis quelques années pourrait s’expliquer par la baisse du nombre de prédateurs, tortues et poissons, décimés par la surpêche, mais aussi par l’ingestion de plastique.

Sensibiliser

La situation est inquiétante mais pas désespérée. Le CPIE (Centre Permanent d’Initiative pour l’Environnement) des Bouches-du-Rhône est situé à la Ciotat. Grâce à des rencontres avec des lycéens et des ramassages sur les plages, l’association tente de sensibiliser les jeunes au problème des macro-déchets en Méditerranée. Après une première rencontre en classe, les élèves inter viennent directement sur une plage. “Ils étaient volontaires, se sont prêtés au jeu. Ils étaient étonnés de ce qu’ils pouvaient trouver, et intéressés par le bilan”, raconte Pauline Garrigou, chargée de projet d’éducation à l’environnement sur le milieu marin et littoral. Le comptage des déchets récupérés n’est pas vain : les résultats sont publiés et envoyés à Isabelle Poitou, la présidente de l’association Mer Terre, pour l’aider dans ses recherches. Un échange inter national a également été mis en place : par le biais du site Ecorem, les étudiants correspondent avec des lycéens israéliens, eux aussi “ramasseurs” de l’autre côté de la Méditerranée : “Internet est un support qui leur parle” explique Pauline Garrigou. Un premier pas vers une prise de conscience de la fragilité de notre patrimoine marin.

Eva Garcin

Sophie Lafranche