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Le parfum au cœur de la ville
Aujourd’hui, les champs de fleurs sont moins grands, les senteurs moins fortes. De 1300 hectares de fleurs au début des années 1970, nous sommes aujourd’hui passés à 60.

Sur les étagères de l’arrière-boutique s’amoncellent diverses essences : vanille, jasmin. . . (Crédit photo : S.L)
La diminution des surfaces plantées ou l’ouverture du Musée international de la parfumerie pourraient faire croire que la ville de Grasse n’utilise le parfum que comme une vitrine alléchante pour les touristes. Qu’aujourd’hui la nostalgie a remplacé le savoir-faire. Mais la réalité est tout autre. Des parfumeurs mythiques, comme Fragonard ou Galimard, sont toujours présents à Grasse. Leurs usines, qu’il est possible de visiter, produisent des parfums méditerranéens à la renommé mondiale.
Dans l’ombre de ces « poids lourds » de la parfumerie, des créateurs indépendants mettent en œuvre un savoir-faire local pour que la ville ne perde pas ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, l’industrie grassoise représente 50% du marché national et 10% du marché mondial dans le secteur de la parfumerie.
Trois notes pour un parfum
Lynne Bouchara est la femme du créateur-parfumeur Guy Bouchara. Elle a quitté Paris il y a 30 ans pour vivre de son grand amour, le parfum. Elle gère aujourd’hui “Le Parfumoir” au cœur de la vieille ville médiévale. “Les parfums, ça ne se fait pas n’importe comment. Ils ont une architecture propre” explique-t-elle avec enthousiasme. En effet, les parfums se composent de trois “accords”: la note de tête, la note de cœur et la note de fond. Une fois appliqués sur la peau, ces éléments développent progressivement leurs fragrances. La note de tête est celle que l’on perçoit en premier. Ephémeres et volatiles, ce sont généralement des senteurs légères et fruitées comme la lavande ou le citron. Ensuite vient la note de cœur, c’est celle qui restera sur la peau pendant plusieurs heures, comme la rose ou le jasmin. La note de fond, elle, s’ajoute aux deux premières et les empêche de s’évanouir. L’ambre ou la tubéreuse sont les senteurs les plus prisées. Ces trois notes seront assemblées directement dans l’arrière-boutique du magasin pour créer le produit fini : le parfum. C’est ce produit fini qu’affectionnent tant les amateurs de parfum comme Louise, parisienne elle aussi qui a ses habitudes dans les nombreuses parfumeries de Grasse. “Ma grand-mère vivait à Gassin dans le Var, c’est une des raisons qui fait que j’ai une attache personnelle aux parfums méditerranéens. A chaque fois que j’en porte, la nostalgie revient. Le parfum c’est plus qu’une odeur, ce sont des souvenirs.”
Lisa La Face
Paul Kempenich