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« C’est l’endroit idéal pour celles qui ont des complexes »
Depuis son ouverture il y a vingt-quatre ans, le club de forme Aérobic Gym Wohl est réservé aux femmes. C’est la seule salle de sport strictement féminine à Cannes, pour le plus grand plaisir de ses clientes.
« Je viens ici parce qu’il n’ya que des femmes… je préfère, pour le regard. » Nathalie se confie dans les vestiaires, pendant qu’elle se change. Cette spécificité lui permet de se remettre doucement d’une opération du bras. Mais pour elle, être entre femmes ne signifie pas pour autant papoter : « je ne recherche pas l’amitié. »
Vera au contraire, semble parfaitement dans son élément ici. Elle parle tout en faisant du step, le souffle court mais le sourire aux lèvres. Cette auxiliaire de vie vient depuis trois mois, elle apprécie l’ambiance chaleureuse qui y règne. La réputation de ce club semble être bonne, puisque c’est une de ses amies qui le lui a conseillé de venir. C’est au rythme de la musique qu’elle s’exerce : « je viens parce que je veux perdre mes kilos tranquillement. » D’ailleurs, si ça ne tenait qu’à elle, elle passerait bien plus de temps dans cette salle de sport, où les vitres sont embuées par les efforts que font les femmes : « il faut que je rentre vite, parce que j’ai un enfant. » Pour cette femme à la peau mate, « c’est l’endroit idéal pour celles qui ont des complexes, notamment lorsqu’elles se déshabillent. » Elle illustre ses propos en montrant son corps, dans lequel elle se sent mal. Parce que oui, ici, c’est vestiaire collectif, mais aussi jacuzzi et sauna.
« Un lieu de rencontre »
Pendant que Vera s’entraîne sur les machines, d’autres sont déjà en place pour le cours. Au programme, abdos-fessiers. Elles sont une dizaine ce soir. Si les générations et les morphologies diffèrent, elles ont toutes quelque chose en commun : la détermination. Et peu importe si l’on sent la sueur ou si la transpiration se voit sur les vêtements. La plupart se connaissent depuis longtemps et des liens forts les unissent. Elles se font toutes la bise ;certaines se prennent même dans les bras. Pascal arrive. « C’est un prof super », explique Vera. Il frappe dans ses mains au rythme des derniers tubes de l’été et encourage ces dames à commencer. Elles s’activent, tentent de garder la position de la chaise, mais leurs mains moites glissent sur la barre et leurs jambes tremblent. Le coach passe derrière et donne un petit conseil à chacune. Il s’approche ensuite et déclare en souriant : « on donne des cours collectifs, lents ou rapides et on met à la disposition des clientes les appareils de musculation et aussi tout ce qui est détente : sauna, jacuzzi… »
Un espace convivial donc, « un lieu de rencontre », selon Vera. « Cibler la femme » est indéniablement une bonne idée… et c’est ce qui attire la clientèle. Pourtant, il n’a pas toujours été évident qu’il en serait ainsi. L’entraîneur avoue : « on était limité au niveau surface avec les vestiaires, le sauna, le jacuzzi… » Evidemment, une salle de sport mixte aurait exigé des séparations hommes/femmes. Un choix qui n’en est donc pas vraiment un. Mais aujourd’hui, l’une des qualités premières de sa salle, que Pascal vante aux nouvelles clientes, c’est bien qu’elle n’accepte pas les hommes. « Le seul homme ici, c’est Pascal. C’est assez marrant puisqu’il donne les cours », souligne Nathalie.
Pour Camille aussi, « une salle de sport réservée aux femmes, c’est bien parce qu’il y a pas de jugement. » Cette étudiante est interrompue par Vera, qui arrive dans les vestiaires, une fois la séance terminée. Elle hèle ses amies : « hé les filles, vous venez au jacuzzi ? »
Manon Bazerque