Mais que se passe-t-il au PS ?

La démission du gouvernement de Manuel Valls a eu l’effet d’une bombe au sein de la majorité. Une décision prise qui fait suite aux propos d’Arnaud Montebourg à l’encontre de la politique de l’exécutif. C’est une nouvelle crise à laquelle est confronté le Parti socialiste.

Arnaud Montebourg a provoqué la démission du gouvernement Valls. (Crédit photo : AFP)

Arnaud Montebourg a provoqué la démission du gouvernement Valls. (Crédit photo : AFP)

Scènes de ménage au PS. Alors que François Hollande arrive à mi-mandat, le voilà de nouveau confronté à une scission au sein de sa majorité et de son gouvernement qui avait été remanié il y a seulement 147 jours. Une division incarnée par un homme : Arnaud Montebourg. Le dorénavant ex-ministre de l’Economie a exprimé, dimanche 24 août, à l’occasion de la Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse (Saône et Loire), son désaccord vis-à-vis de la politique prônée par le chef de l’exécutif. « J’ai proposé au Premier ministre, au président de la République, une inflexion majeure de notre politique économique », a expliqué Arnaud Montebourg, tout en fustigeant « l’idéologie destructrice » qu’est l’austérité. Des propos qui ont provoqué la fin du gouvernement Valls première version. Ce remaniement ministériel engendre le départ de tous ceux qui ne sont plus en accord avec la politique de l’offre prônée par François Hollande. Exit Montebourg, Hamon et autres Filippetti qui sont proches des frondeurs socialistes. Une décision voulue par Manuel Valls qui s’inscrit ici dans une logique de fermeté en comparaison avec son prédécesseur.

Deux courants, un parti

Avec ces départs, c’est l’aile gauche du PS qui perd son influence, où plutôt ce qu’il en restait, au sein du gouvernement. C’est un véritable tournant. François Hollande a demandé la constitution d’un gouvernement suivant « les orientations qu’il a lui-même définies pour notre pays ». Manuel Valls va pouvoir continuer sur la ligne social-démocrate fixée par le chef de l’Etat. Il va poursuivre une politique de l’offre, libérale, avec des mesures pro-entreprises comme le Pacte de Responsabilité ou bien le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi). Nous assistons d’une certaine manière à la mort du socialisme d’Etat. L’augmentation des dépenses publiques, le soutien de la demande et la politique protectionniste ne seront plus au programme du gouvernement. C’est tout le modèle keynésien cher à la gauche de la gauche qui disparaît. François Hollande a fait un choix, celui de conserver cette mesure qui divise la gauche au lieu de conserver Arnaud Montebourg. Un choix qui peut avoir des conséquences.

François Hollande a tourné le dos à Arnaud Montebourg. (Crédit photo : AFP)

François Hollande a tourné le dos à Arnaud Montebourg. (Crédit photo : AFP)

Lors des primaires pour la présidentielle de 2012, Arnaud Montebourg a rassemblé 17% des suffrages et Manuel Valls seulement 5%. Au sein même de sa famille politique, le Premier ministre ne dispose pas d’une grande influence. Les socialistes ne sont pas en accord avec sa politique, les Verts sont indécis et le Front de Gauche se considère aujourd’hui dans l’opposition ! Et c’est là que le problème réside. Un gouvernement ne peut pas agir sans une majorité forte à l’Assemblée Nationale or cette dernière est déjà très divisée et Arnaud Montebourg risque d’endosser le rôle de meneur auprès des frondeurs. Mais là encore un doute subsiste. La marge de manœuvre des frondeurs est limitée. S’ils venaient à ne pas voter la loi de finances au mois de septembre, on irait droit vers une dissolution de l’Assemblée Nationale. Vu le contexte actuel, il est évident que les frondeurs perdraient leur siège. Tout se jouera donc aux futures primaires socialistes. En effet, les statuts du PS prévoient toujours que le candidat à la présidentielle soit nommé par l’intermédiaire d’une primaire. Avec son statut de « martyr », Arnaud Montebourg partira avec les galons de favoris. Une chance pour lui de devenir celui qui représente « l’autre politique possible ».

Lhadi Messaouden