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« Devenir mère avant d’être majeure n’a pas été un problème »
Pénélope et Ninon* font partie de ces très jeunes mamans qui démentent les idées reçues sur la maternité précoce. Avec elles, l’image de la fille issue d’un milieu défavorisé, enceinte et contrainte d’abandonner ses études, s’évapore.
« Certains ont des enfants à 40 ans et s’en occupent très mal. Moi j’ai eu ma fille à 17 ans et ça se passe très bien. » C’est la réponse cinglante de Ninon, 20 ans, à ceux qui la jugent sur sa grossesse précoce. Installée avec le père et soutenue par sa famille, elle vit le quotidien normal d’une mère comme les autres.
C’est à 14 ans seulement que Pénélope tombe enceinte. Pour assurer un « meilleur avenir à son fils » elle abandonne l’idée d’un CAP pour passer son Bac. Elle prépare aujourd’hui un BTS.
Des associations discrètes et une famille présente
Chacune a vécu un long déni de grossesse -5 mois et demi pour l’une ; 7 mois et demi pour l’autre- avant d’être accompagnées: Pénélope par le planning familial et Ninon par un CHU. Ces organismes se sont effacés après l’accouchement au profit des familles. Pénélope admet même que cet événement l’a « rapprochée de sa mère auprès de laquelle [elle] se confiait peu auparavant ». Toutes deux bénéficient d’aides de l’État et d’allocations familiales. « Une raison de rester optimiste au quotidien » confie Ninon, pour qui la responsabilité a brutalement remplacé l’insouciance. Les deux jeunes filles n’ont eu « que quelques mois pour devenir autonomes », dans leur comportement et leurs rapports sociaux. Avec le recul, elles sont fières d’avoir refusé l’accouchement sous X et l’avortement à l’étranger. Ces options sont fréquemment choisies par les adolescentes enceintes d’après le planning familial. « Maintenant que ma fille va à l’école, le regard des gens a changé » constate Ninon. Une reconnaissance qu’elles ont obtenue pas à pas, entre les moments de joie et les difficultés. « Comme n’importe quelle mère, finalement ».
Ces filles qui avortent à l’étranger
En France, la loi Veil de 1975 autorise l’avortement jusqu’à 12 semaines de grossesse. Un délai qui contraint les associations à proposer des solutions alternatives. Avorter à l’étranger en est une, « La loi ne s’y oppose pas. Certains pays l’autorisent jusqu’à 22 semaines ». Claire Moracchini, salariée au planning familial de Nice, parle sans tabou de cette solution. Elle la propose aux filles qui, suite à un déni de grossesse, se retrouvent prises de court par la législation française. Sans encourager ces pratiques, elle en défend l’existence :« La décision revient aux femmes enceintes. Je préfère qu’elles aillent avorter en Angleterre plutôt qu’elles abandonnent le nouveau-né dans une poubelle. » Il existe des cliniques spécialisées, comme le Centromedico à Barcelone ou la clinique Bloemenhove près d’Amsterdam.
Antoine Lahier
Loïc Masson