Gaza : les séquelles après le conflit

Quelques mois après des événements tragiques pour les deux camps ennemis (Israël et territoires palestiniens), comment la jeunesse palestinienne tente-t-elle de revenir à une vie « normale »

Le 8 juillet 2014, l’armée israélienne lançait l’opération «  bordure protectrice » sur le territoire de la bande de Gaza avec comme objectif de détruire les infrastructures du Hamas. Mais l’envoi de troupes au sol le 17 juillet va envenimer la situation et entamer un crescendo de violences entre la branche armée du Hamas et l’armée israélienne. Ce conflit s’est finalement conclu par un « cessez-le-feu » illimité le 26 août. L’OCHA, le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU a décompté 70 morts côté israélien et 2100 victimes côté palestinien.

 

Jeune palestinien retrouvant un vélo dans les décombres suite aux bombardements israéliens . Crédit : May So

Jeune palestinien retrouvant un vélo dans les décombres suite aux bombardements israéliens .
Crédit : May So

 

Des séquelles psychologiques pour les enfants

Comme il est possible de l’imaginer, beaucoup d’enfants de Gaza sont aujourd’hui traumatisés. « Ce sont inexorablement les pires moments pour les enfants » nous confie Majd.Y.H, une jeune femme membre de la fondation A.M.Qattan, un des plus importants centres d’aides à la jeunesse de Gaza. Cette organisation compte aujourd’hui plus de 8000 membres et accueille entre 150 et 200 jeunes par jour. « Ils ont besoin d’aide psychologique, chacun d’entre eux a perdu au moins un membre de sa famille ou une personne proche. La plupart n’a même plus de maison ! Les écoles ont été détruites » explique Majd. En effet, la majorité des enfants qu’accueille ce centre souffrent de traumatismes et de dépression. C’est pourquoi aujourd’hui, en plus de l’apport culturel et éducatif, le lieu offre un support psychologique et des activités de détente pour ces victimes collatérales du conflit. «  Je voudrais que leurs cœurs s’apaisent, parce qu’en sept années certains ont déjà survécu à trois attaques de l’armée israélienne en 2009, 2012 et 2014, ça ne peut que faire prospérer leur haine de l’oppresseur. ».

Photo du centre Qattan de Gaza– crédit :  A.M.QATTAN Fondation

Photo du centre Qattan de Gaza– crédit : A.M.QATTAN Fondation

 

Un esprit de vengeance

Illustration de ce sentiment par Lure Sadeq, une jeune fille de dix-huit ans vivant à Ramallah, autre ville palestinienne -située en Cisjordanie. Elle aussi est touchée par ces attaques israéliennes qui à la question d’une paix possible avec Israël répond : «certaines personnes pensent que la paix est toujours possible avec les Israéliens mais pour beaucoup de Palestiniens c’est définitivement impossible, et c’est exactement ce que je pense, après tout ce qu’ils ont fait : aucune paix n’est possible ! ».

Avec un peu plus de recul, Majd répond à ce genres d’affirmation venant des jeunes palestiniens : «  Il est vrai que je veux d’abord réussir à rendre justice à ces enfants et seulement après nous pourrons parler de paix. Mais bien sûr que je souhaite faire la paix, après tout nous sommes tous humains ! Je ne peux pas les blâmer d’être en colère comme je ne peux pas me mettre à leur place mais j’espère qu’avec le temps ils arriveront à oublier. » Est-il vraiment possible pour des enfants d’oublier de telles horreurs, la guerre, les destructions, les morts ? La solution n’est peut-être pas d’oublier mais plutôt de réussir à pardonner.

 

 

Thibault Cordier