Pour Benzema et James, la saison va être longue…

Dans le sillage de l’omnipotent Cristiano Ronaldo, Benzema et James Rodriguez vivent une saison paradoxale : ils sont bons dans des registres inhabituels mais semblent bridés par la réorganisation tactique de Carlo Ancelotti en 4-4-2. Pour ces deux-là, la saison risque d’être longue.

Avec Cristiano Ronaldo et Gareth Bale, Karim Benzema et James Rodriguez sont les deux autres stars offensives du Réal Madrid. (Crédit photo : SkySport)

Avec Cristiano Ronaldo et Gareth Bale, Karim Benzema et James Rodriguez sont les deux autres stars offensives du Réal Madrid. (Crédit photo : SkySport)

La frappe en lucarne de James Rodriguez il y a quelques jours contre La Corogne (8-2) nous ferait presque croire qu’il évolue haut sur le terrain, tout comme les passes décisives à répétitions de Karim Benzema font facilement oublier que le Français n’a plus marqué en Liga depuis la 1ère journée. Malgré ces gages de réussite, les deux joueurs ne peuvent pas s’exprimer pleinement au sein du 11 madrilène.

James, tu seras Di Maria…

Illogique. Le Real Madrid a payé un joueur quatre-vingt millions d’euros pour ses prouesses offensives, son altruisme, sa frappe de balle aux abords de la surface et sa capacité à organiser le jeu offensif d’une équipe. Pour finalement le faire évoluer dans un positionnement reculé, quasiment sur la même ligne que le relayeur Luka Modric. Après l’avoir essayé sur le coté gauche de l’attaque, Carlo Ancelotti s’est rapidement rendu compte du déséquilibre que cela engendrait : une équipe coupée en deux et en perdition totale défensivement. James Rodriguez a donc été reculé au milieu de terrain dans le 4-3-3 du Real Madrid qui se déploie en 4-4-2 en phase de possession. Et même lorsqu’il est au poste de milieu offensif dans un 4-2-3-1, il est condamné à défendre avant d’attaquer. En définitive, il remplace Angel Di Maria. Sauf que les deux hommes, bien que similaires en ce qui concerne leur poste, n’évoluent pas dans le même registre. Di Maria, bien aidé par ses trois poumons, était l’instigateur du pressing haut qui a fait la force de Madrid la saison dernière. Il était aussi capable d’évoluer très haut et d’être rapidement repositionné devant ses milieux de terrains récupérateurs. Or, James Rodriguez, bien que talentueux, ne jouit pas du même volume de jeu. Loin de nous l’idée d’accabler l’ancien Monégasque, les mauvais résultats du début de saison du Real concordent avec la période où James jouait dans un registre offensif. Depuis la redéfinition de son rôle par Ancelotti, James est bridé, contenu, mais le Real est plus équilibré. Les résultats en attestent. S’il veut jouer – et il jouera – le Colombien devra se satisfaire de son rôle d’intermédiaire au milieu de terrain.

Benzema, tu seras… un serviteur

L’autre victime du renouveau tactique effectué par Ancelotti, c’est le Français Karim Benzema. Une image en atteste. On joue la 84ème minute du match entre Villareal et le Real Madrid au Madrigal. Les Merengues mènent 2-0 et Benzema cède sa place à Isco pour la fin de match. Le natif de Bron est chaleureusement congratulé par l’ensemble du staff technique. Lui, l’attaquant de l’un des plus grands clubs au monde qui n’a encore une fois pas fait son job de buteur. Mais qu’importe. Cette image est représentative du nouveau rôle de Benzema. Celui de serviteur, comme il l’a été depuis le début de saison pour Cristiano Ronaldo. En conférence de presse, Carlo Ancelotti n’a parlé que de lui. Était-ce pour le protéger ou bien l’encourager dans ce nouveau rôle ? Dans son match contre le « sous-marin jaune » Villareal, Benzema n’a frappé qu’une seule fois, c’était quelques minutes avant de céder sa place. Une discrétion face au but qui s’explique par l’arrivée à ses côtés du double ballon d’or Cristiano Ronaldo dans un système offensif à deux têtes. La position axiale dont il avait l’exclusivité l’année dernière, il doit maintenant la partager avec son ami portugais. Et si le Lusitanien a la réputation d’être généreux dans la vie, il est un véritable aimant sur le front de l’attaque. Tous les ballons lui sont destinés, laissant Benzema souvent sur le carreau et loin du but adverse. En fait, l’attaquant français se retrouve obligé de décrocher pour exister, en se mettant dans la peau du meneur de jeu de l’équipe. Il n’est donc pas surprenant de voir l’ancien Lyonnais être le meilleur passeur de son équipe avec 5 unités au compteur. Le repositionnement tactique de Ronaldo dans l’axe s’avère être une bonne chose pour les Merengues, car avec 10 buts en 5 matchs de championnat, le Portugais est encore plus efficace que sur son coté gauche. Benzema a-t-il encore de l’avenir au Real ? Liverpool préparerait en tout cas une offre de 50 millions d’euros. Et quand on sait que le Français a toujours martelé qu’il ne partirait pas tant qu’il n’aurait pas « triomphé avec le Real Madrid », on se dit que tout est possible maintenant qu’il a tout gagné avec les Galactiques.

 

 

Jérémy Satis