Mommy : le courage d’une mère

Lors du Festival de Cannes 2014 le film  Mommy  du jeune réalisateur québécois, Xavier Dolan a reçu le prix du jury. De nombreux cinéphiles attendent sa sortie en salle le 8 octobre. Buzzles vous en parle sans pour autant tout vous révéler…

Ovation sur la Croisette

Cannes, 22 mai 2014, grand auditorium du Palais des festivals. Le générique de fin défile, la musique envahit la salle, le public se lève. Tonnerre d’applaudissements, forts, à s’en faire mal aux mains et aux oreilles, longtemps, un quart d’heure, un court moment d’éternité. Les spectateurs ne veulent pas que cela s’arrête, tellement de sensations, d’émotions les ont submergés. Des sourires, des larmes aux yeux, ce film, est-ce un drame ou une comédie ? On ne sait plus. Les regards se croisent, certains disent à leur voisin « ce sera la Palme, d’or » ou « c’était magnifique » ou encore « Anne Dorval était merveilleuse ». Xavier Dolan, en pleurs et les acteurs Anne Dorval, Suzanne Clément et Antoine-Olivier Pilon, tous émus, saluent le public. Une fois l’équipe du film sortie, les applaudissements s’atténuent puis s’arrêtent, une ovation sincère et méritée pour le travail du réalisateur et pour le talent des acteurs.

Suzanne Clément, Anne Dorval, Xavier Dolan, Nancy Grant (productrice) et Antoine Olivier Pilon. Montée des marches du film "Mommy" lors du 67 ème Festival du film de Cannes. Crédit photo : allocine.fr

Suzanne Clément, Anne Dorval, Xavier Dolan, Nancy Grant (productrice) et Antoine Olivier Pilon. Montée des marches du film « Mommy » lors du 67 ème Festival du film de Cannes. Crédit photo : allocine.fr

L’histoire : une véritable ode à l’amour

Un trio de personnages épatants, avec chacun un caractère, une personnalité, une particularité. Diane (Anne Dorval) est une mère veuve énergique et indépendante, Steve (Antoine-Olivier Pilon) est son fils, âgé de 16 ans. Il est atteint de troubles du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Il y a enfin Kyla (Suzanne Clément), une voisine timide et mystérieuse.

Diane accueille son fils chez elle après qu’il a passé des années en centre de rééducation. Cette mère doit faire preuve de courage et de persévérance pour imposer un cadre à son fils impulsif et violent. Kyla va venir en aide à Diane (« Die »), ensemble elles arrivent petit à petit à créer un équilibre pour Steve. L’adolescent de retour chez sa mère ne sait pas comment gérer ses sentiments, ce qu’il a le droit de faire avec telle ou telle personne. Fâché, il essaye même de la tuer. Il est perdu, il doit tout apprendre. Les deux femmes se battent pour Steve, elles veulent qu’il aille mieux, qu’il puisse s’intégrer en société ou au moins à la maison. Au cours du film des liens très forts finissent par se créer, l’amour mère-fils, l’amitié avec la voisine.

Ils forment une famille, une équipe, une bande de potes. L’amour les rend solides et ils sont prêts à tout pour se défendre mutuellement.

Le film

Xavier Dolan est réalisateur, monteur, scénariste et producteur (avec Nancy Grant) de Mommy, c’est donc une idée et une création qui lui sont propres. Chaque scène est soignée, esthétique, comme si chacune d’entre elles était une photo à garder précieusement dans un album. La musique, la danse, la photographie jouent un rôle très important, le réalisateur intègre tous les arts dans le 7ème art.

Des répliques justes comme il faut. Si les images se suffisent à elles-mêmes, souvent assez fortes pour exprimer les émotions, Xavier Dolan n’encombre pas la scène avec des paroles inutiles. Le langage populaire utilisé est parfois poétique, peut-être drôle mais aussi violent voire choquant.

Nous sommes face à des scènes d’amour et de haine, passionnantes et impressionnantes. Un film si simple et si compliqué à la fois. Comme la vie, finalement.

« S’il est un sujet que je connaisse sous toutes ses coutures, qui m’inspire inconditionnellement, et que j’aime par-dessus tout, c’est bien ma mère. Quand je dis ma mère, je pense que je veux dire LA mère en général, sa figure, son rôle. Car c’est à elle que je reviens toujours. C’est elle que je veux voir gagner la bataille, elle à qui je veux écrire des problèmes pour qu’elle ait toute la gloire de les régler, elle à travers qui je me pose des questions, elle qui criera quand nous nous taisons, qui aura raison quand nous avons tort, c’est elle, quoi qu’on fasse, qui aura le dernier mot, dans ma vie »

 Xavier Dolan

Affiche du film (Crédit photo: DR).

Affiche du film (Crédit photo: DR).

Les avis de Buzzles

Raphaëlle : Tabarnak, c’té un d’cé film ! Contrairement à ce que l’on pourrait croire, après quelques minutes on s’habitue facilement à l’accent québécois mais les sous-titres sont quand même bien utiles. Le format 1:1 (image carrée d’inspiration Super 8, ndlr) est une idée risquée, mais réussie, cela donne une impression d’intimité entre le spectateur et les acteurs, une manière d’intégrer le public pour qu’il s’identifie. On est plus qu’un simple observateur, on est dedans, on ressent, on vit avec les personnages. Innovant et audacieux, Xavier Dolan n’a pas besoin de la 3D pour nous emporter dans le monde qu’il imagine. N’ayant peur de rien le réalisateur décide de tout changer, de tout mélanger : les styles de musique, les formats d’image, le comique, le dramatique, « c’est osé » me direz-vous mais il y arrive, et tout ça sans faute de goût ni maladresse. Ainsi, le public est totalement transporté dans différentes sensations. Le cœur bat pendant le suspense, il s’apaise lors des moments émouvants, il se déchire lors des conflits mère-fils, et il rit lors des scènes folles. Après des rebondissements déroutants, la fin est judicieuse, l’énergie et la poésie viennent mettre un terme à une belle histoire.

Manon : Monter les marches et visionner le film en présence du réalisateur et des acteurs a rendu ce moment magique. « Mommy » est un film qui va rester dans l’histoire du cinéma. Le jeu des acteurs est remarquable et l’histoire touchante et passionnante. Xavier Dolan n’est pas tombé dans le pathos de la maladie de Steve, au contraire, le film est lumineux et le spectateur ressort de la salle avec des étoiles dans les yeux. Xavier Dolan impressionne par son jeune âge (25 ans) et la façon dont il contrôle son film de bout en bout, pour en faire un chef d’œuvre.

Les avis après la projection du film lors du Festival du livre de Mouans-Sartoux :

La playlist du film : 

« Wonderwall » – Oasis

« Building A Mystery » – Sarah McLachlan

« White Flag » – Dido

« L’estate, Rv 315 » – Fabio Biondi (Les quatre saisons de Vivaldi)

« Colorblind » – Counting Crows

«  On Ne Change Pas » – Céline Dion

« Blue (Da Ba Dee) » – Eiffel 65

« Born to die » – Lana Del Rey (Musique du générique)

 

 

Raphaëlle Daloz et Manon David

Micro-trottoir par Gyotis Delsard