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Le FN, un parti « banal »
En quête de dédiabolisation depuis plusieurs années, le Front National y est enfin parvenu. Le parti de Marine Le Pen est devenu comme les autres. En tout point.
Le Front National a atteint son objectif : être considéré comme les autres partis politiques. Vainqueur surprise des élections européennes, à la tête de onze communes, le FN est devenu un parti exerçant le pouvoir. Avec ce nouveau statut, le Front National s’est mis au diapason du PS et de l’UMP. Y compris dans ses travers.
Faîtes ce que je dis mais pas ce que je fais
Cumuler ou ne pas cumuler, telle est la question. On pensait que le FN avait réglé cette problématique depuis longtemps. A chaque fois que le sujet était évoqué, les frontistes rappelaient leur opposition au cumul des mandats. En janvier 2013, Stéphane Ravier expliquait encore qu’on ne pouvait être « sénateur et maire en même temps ».
Des propos qu’il doit regretter aujourd’hui. Le maire du 7ème arrondissement de Marseille a été élu sénateur le 1er Octobre tout comme son confrère David Rachline, maire de Fréjus. Les deux hommes sont-ils restés maires malgré leur nouveau mandat ? Bien évidemment. Et la raison est évidente à en croire Marine Le Pen. « Nous appliquerons le non-cumul quand tous les autres se l’appliqueront aussi », a-t-elle expliqué au micro d’Europe 1. Le FN manie donc comme les autres partis l’art de l’incohérence.
Un parti du « système »
Depuis qu’elle est devenue présidente du parti, Marine Le Pen met tout en œuvre pour créer un nouveau clivage politique : le FN et les autres, c’est-à-dire l’UMPS. Ce dernier serait l’incarnation du « système ». Le problème est que tout indique que le Front National fait partie de ce système, l’exemple du cumul des mandats venant l’attester de fait. Et ce n’est pas tout.
Comme les politiciens de l’UMP et du PS, le FN compte en son sein des énarques et des membres issus de professions libérales. On pense évidemment à Marine Le Pen ou Louis Alliot, tous deux avocats, et à l’énarque Florian Philippot. Difficile de dénoncer « les élites corrompues » quand on vient du même endroit qu’eux. On trouve aussi des parachutés au FN. Me Gilbert Collard, éminent représentant du Rassemblement Bleu Marine, en est le parfait exemple. Socialiste puis proche de Charles Pasqua avant d’être chiraquien pour finir radical, on ne compte plus ses étiquettes politiques.
Finalement, reste à savoir ce que l’on trouve au FN et pas chez les autres. La réponse ? Un programme différent. Une sortie de la zone euro, un retour vers le franc et l’arrêt de l’immigration. Le Front National reproduit les vices des autres partis tout en proposant de nouvelles idées. Sauveront-elles la France ? Bonne question…
Lhadi Messaouden
Vous dites diabolisation? je rajouterai machiavélisme.
Et en la matière Machiavel s’appelait François Mitterrand. Cet homme a tout fait pour faire progresser le FN, et notamment en lui ouvrant les portes de la TV, dans le but d’affaiblir les partis de droite traditionnels, ses concurrents directs. Il savait que par osmose, la marge droitière des partis traditionnels iraient grossir les rangs du FN, (au moins en tant que sympathisants) , FN à l’époque guère menaçant au niveau électoral. De plus la personnalité de Le Pen, qui a inventé le buzz médiatique avant le buzz permettrait justement la diabolisation de ce parti. Et il faut reconnaître que cela a marché « au dessus de toute espérance » jusqu’à l’arrivée de Marine Le Pen. Rappelons-nous l’affaire Charles Millon, obligé de démissionner parce que les voix du FN s’étaient portées sur son nom lors de l’élection du Pdt de région Rhône Alpes ! Et cela au détriment de tout esprit démocratique.
Marine le Pen a poli l’attitude du parti et donc il devient brutalement plus convenable.Surfant sur la politique permissive de la gauche, sur les casseroles judiciaires de la droite, elle a réussi à paraître un leader d’un nouveau genre, posé, inspirant confiance, et amalgamant les partis de pouvoir dans un UMPS redoutable. Et le résultat n’a pas tardé, même s’ils sont limités en nombre, ils sont bien là, et dans tous les types d’élections.
Ce ne sera peut-être qu’un feu de paille, car nombre de personnes, comme vous, remarquent qu’entre les discours, déclarations de bonne conduite et les actes, il y a une différence notable.
Mais les partis de pouvoir doivent prendre la situation au sérieux pour 2 raisons à mes yeux. D’abord parce que si rien ne change, il n’y a aucune raison pour qu’il y ai un reflux de la vague, qui de vaguelette pourrait devenir lame de fonds, deuxièmement, ne pas porter une attention soutenue aux résultats récents serait faire fi d’un électorat, qui en vaut un autre, et qui s’est porté sur le FN. Probablement par déconvenue, me direz-vous, mais là encore si rien ne change…
Aujourd’hui la diabolisation est encore moins qu’auparavant d’actualité. Les partis devront donc se battre sur les programmes. Et là, chacun a ses opinions bien sûr. Pour ma part, j’estime que sortir de l’euro pour revenir au franc serait extrêmement hasardeux. Arrêter l’immigration dans une monde globalisé relève de l’utopie, de qui ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire. Vous annoncez ces thèmes comme des idées nouvelles. Que nenni! Par exemple, tous les partis souverainistes souhaitent le retour du franc, tout simplement par que l’euro est le transfert du droit régalien de battre monnaie à une entité supranationale, ce qui bien sûr est incompatible avec les idées souverainistes.
Il n’y a absolument pas lieu de diaboliser, quand 25% de la population apporte un soutien à ce parti, mais il faut rappeler la réalité. Dans l’échiquier politique, ce parti est classé extrême droite et populiste. Après chacun se fait son opinion…