Les Ultras unis pour « Casti »

Le week-end dernier, cela faisait deux ans jour pour jour que le jeune Florent Castineira perdait l’usage de son œil droit. Deux ans que ce jeune supporter montpelliérain attend que justice soit faite.

« Une des nombreuses actions menées lors de la 8ème journée de Ligue 1, ici le groupe ultras niçois, l'ARN 2001, lors du derby azuréen Monaco 0 – 1 Nice. » (crédit photo : OGCNICE.com)

« Une banderole de soutien accrochée dans le centre de Montpellier» (crédit photo : page facebook – Justice Pour Casti)

« Ultras unis pour une liberté : justice pour Casti », voilà le message que l’on pouvait lire dans toutes les tribunes de France lors du week-end du 27 septembre 2014. Ces nombreuses banderoles, faites en soutien de Florent Castineira, dit « Casti », sont la démonstration d’une action collective menée en tête par la Butte Paillade 1991 (principal groupe ultra montpelliérain) avec la majorité des associations d’ultras du territoire français. Malgré leurs fortes rivalités, ces groupes ont uni leur force pour témoigner leur mécontentement vis-à-vis du délibéré du parquet correctionnel de Montpellier concernant la fameuse « Affaire Casti ».

En effet, le tribunal avait tout d’abord requis un non lieu concernant l’accident terrible qui avait touché le jeune Casti, alors âgé à l’époque de seulement 21 ans. Mais après des preuves accablantes contre le représentant des forces de l’ordre ayant fait usage de son flashball, le juge a en effet confirmé que la perte de vue à l’œil droit du jeune homme était bien due à ce fameux tir.

Force est de constater que le fonctionnaire de la Brigade Anti Criminalité de Montpellier n’a même pas présenté ses excuses à la famille du blessé, et est toujours reconnu comme innocent car il aurait agi en situation de légitime défense. Or ce discours de déni va à l’encontre de celui des nombreux témoins présents sur place lors du drame. Ces derniers affirment que les agents de la Bac n’étaient nullement en position dangereuse remettant en cause leur sécurité, et que l’usage du lanceur de balle de défense (LBD est la nouvelle appellation gouvernementale du flashball) n’était aucunement justifié. De plus, Florent Castineira n’était pas mêlé à l’échauffourée qui se déroulait sous ses yeux. Mais la justice ne veut rien entendre, et refuse pour l’heure la réouverture du dossier.

« Une banderole de soutien accrochée dans le centre de Montpellier» (crédit photo : page facebook – Justice Pour Casti)

« Une des nombreuses actions menées lors de la 8ème journée de Ligue 1, ici le groupe ultras niçois, l’ARN 2001, lors du derby azuréen Monaco 0 – 1 Nice. » (crédit photo : OGCNICE.com)

C’en est trop pour les proches de Casti et les supporters pailladins. En plus de l’action collective « inter-tribune », plusieurs bâches ont fleuri dans le centre ville de Montpellier sur lesquelles on pouvait lire entre autres « Handicapé à vie : Justice Pour Casti » et plusieurs marches en son honneur sont prévues lors des prochaines journées de championnat. Cette « bavure policière » comme beaucoup s’accordent à le dire, peut être un moyen pour les tribunes françaises de reposer la question de la répression que subissent ces supporters fanatiques. Le fait de remettre en lumière cette affaire deux après les faits montre bien la détermination des ultras à revendiquer leurs droits. Ces derniers semblent bien décidés à aller jusqu’au bout de leur combat face aux instances (Frédérique Thiriez, président de la Ligue de Football Professionnel notamment).

Mais cette lutte est loin d’être finie: la semaine dernière se tenait une réunion au ministère de l’Intérieur concernant les Interdictions De Stade (IDS). Cette rencontre regroupait plusieurs préfets, le Ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports Patrick Kanner, Thierry Braillard le secrétaire d’État aux sports, Noël le Graët le président de la Fédération Française de Football, Frédéric Thiriez le président de la LFP et enfin l’incontournable Antoine Boutonnet, chef de la DNLH (Division National de Lutte contre le Hooliganisme). Bref, il y avait du beau monde autour de la table pour se mettre d’accord sur une mesure visant à considérablement augmenter les IDS. Dans le viseur : tous les groupes d’ultras français. La route s’annonce ainsi bien longue et difficile pour ceux, qui animer chaque week-end les stades français.

« Cortège montpelliérain lors de la première marche en l’honneur de Casti en 2012, cette action avait regroupé près de 2000 ultras de la France entière » (Crédit Photo : AFP Montpellier)

 

 

Tom Ferrero