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Fairplaylist, pour un marché de la musique plus équitable
Au Festival du livre de Mouans-Sartoux, la musique trouve aussi sa place. Parmi les invités, l’association parisienne Fairplaylist présentait le concert de Sanseverino au Festival.
Éthique et solidarité. Les maîtres mots de l’association Fairplaylist, organisatrice du Festival de Ménilmontant, qui milite pour un marché de la musique plus équitable. « Nous proposons une approche purement agricole du monde de la musique », débute Gilles Mordant, directeur artistique et co-fondateur de l’association. Explications.
« Adapter l’offre et proposer le bon prix par rapport au public »
Dans un monde où la musique est un véritable business, de la composition à la vente, Fairplaylist met en place une plus grande proximité entre l’artiste et son public. Une de leurs priorités. Pour cela, la vente des tickets se fait par la billetterie mise à nue. « Grâce à ce système, l’artiste, la salle dans laquelle il joue où l’évènement pour lequel il joue peut directement vendre les places de concert sur son site internet », explique Gilles Mordant. Ce système d’auto-distribution s’applique « d’un spectacle de cent personnes à un festival de 2000 visiteurs », fait remarquer le directeur artistique. Ainsi, les réseaux de distribution sont évités et les coûts, réduits. Pour une place de concert à 50 euros, les grands réseaux de distribution perçoivent une marge de 3 à 4 euros. Avec ce système innovant, plus direct, la plateforme Internet ne perçoit que 1,25 euros. Non seulement la proximité à l’artiste est plus importante mais les prix s’adaptent selon la demande. « Le but est d’adapter l’offre et proposer le bon prix par rapport au public », souligne Gilles Mordant. S’il entraîne de nombreux avantages pour le public, c’est également le cas pour l’artiste. Ce dernier peut suivre directement les ventes sur son smartphone et mieux comprendre ses dépenses grâce à des schémas représentatifs des frais selon les domaines. « Grâce à l’application, les artistes peuvent avoir une vision d’ensemble sur une soirée et faire le rapport entre les ventes et les frais », détaille Gilles Mordant, avant de continuer « il y a une certaine transparence et une pédagogie sur ce que coûte réellement un spectacle ».

Schéma représentatif de la billetterie mise à nue lors du concert de Sanseverino à la Java, le 21 novembre 2012, lors du festival de MénilMontant. (Crédit : D.R./Fairplaylist)
1 300 000 billets vendus en 2013
En 2013, 1 300 000 billets ont été vendus de cette façon. Les artistes deviennent leur propre vitrine. Une révolution dans le marché de la musique. Au-delà du changement de consommation, ces chiffres montrent également un changement dans le rapport public-artiste. « Comme on retourne à la terre, on a envie de connaître l’artiste, d’entretenir un rapport plus intimiste avec lui », illustre le co-fondateur. Une évolution à échelle humaine, sans consommation de culture, qui diffère de l’actuelle façon d’appréhender la musique. Fairplaylist apporte une réflexion profonde autour de la filière musicale et dénote avec les maisons de disques, enclines à la globalisation. « Le marché de la musique est mondialisé alors que c’est un métier artisanal », rappelle le co-fondateur. « Le but maintenant est de généraliser cette façon de travailler », conclut Gilles Mordant, ambitieux.
Eloïsa Patricio