« Les athlètes rêvent déjà des JO de Rio »

Si les grands noms du cyclisme se sont retrouvés au Roc d’Azur de Fréjus, du 12 au 18 octobre, ceux qui les encadrent étaient également présents. Rencontre avec Yvon Vauchez, entraineur et sélectionneur de l’équipe de France de VTT.

Entraineur depuis 24 ans, Yvon Vauchez a vu évoluer l’histoire du VTT. Après l’arrivée de la discipline au sein de la Fédération Française de Cyclisme et la création de l’équipe de France de VTT, elle fait son entrée aux Jeux Olympiques. Yvon Vauchez, 50 ans, est aujourd’hui entraineur de l’Équipe de France de VTT, spécialisé dans le cross-country olympique. Avec modestie et professionnalisme, il entraine les plus grands champions du VTT, et côtoie les stars du vélo sur route. Accueillant, souriant, simple ; il répond à nos questions.

 Yvon Vauchez, entraineur de l'équipe de France de VTT, entouré de Julie Bresset (à sa gauche) et Pauline Ferrand Prévot (à sa droite), lors des championnats du monde espoirs en 2011. (Crédits : DR)

Yvon Vauchez, entraineur de l’équipe de France de VTT, entouré de Julie Bresset (à sa gauche) et Pauline Ferrand Prévot (à sa droite), lors des championnats du monde espoirs en 2011. (Crédit photo : D.R.)

Que pensez-vous de la médiatisation du VTT ?

Ça pourrait être mieux. Le VTT est un jeune sport, il n’a qu’une trentaine d’années d’existence en France, une quarantaine aux États-Unis. Grâce à ses champions, comme Julien Absalon cette année, il est surtout médiatisé lors des championnats du monde et championnats d’Europe. En bref, il est clair que les champions sont sous-médiatisés par rapport à d’autres sports mais aussi par rapport à d’autres sports cyclistes comme la route par exemple.

Quels sont les prochains objectifs pour l’Équipe de France de VTT ?

Comme tous les ans, l’échéance à venir est celui des championnats du monde, c’est l’objectif prioritaire de l’Équipe de France. L’autre échéance importante est celle des Jeux Olympiques. Cet événement nous marque tous les quatre ans, dès qu’on a fini une olympiade, on a déjà un œil sur la suivante. Les athlètes rêvent déjà des JO de Rio, en 2016.

Quelles sont les grands noms de l’équipe de France de VTT ?

Le plus médiatique est Julien Absalon. Il a déjà une grande carrière devant lui, il est redevenu champion du monde cette année, à l’âge de 34 ans, alors qu’il était déjà devenu champion du monde junior en 1998. Sa carrière est marquée par deux titres olympiques, plusieurs titres de champion du monde, de champion d’Europe et une galerie impressionnante de maillots nationaux. Il est l’icône de la discipline en France, mais aussi à l’étranger.

À ses cotés, on retrouve Julie Bresset, qui s’est imposée à Londres en 2012 mais aussi Pauline Ferrand-Prévot qui s’installe dans la hiérarchie mondiale du VTT, tout en étant devenue championne du monde sur route, en Espagne, il y a quelques semaines. Je pense que ces trois athlètes représentent les trois icônes du moment. On ne peut pas oublier non plus le médaillé d’argent à Pékin, Jean-Christophe Péraud, qui cette année termine deuxième du Tour de France, et Jordan Sarrou, champion d’Europe espoirs et vice-champion du monde.

Comment expliquez-vous la réussite sur route d’anciens vététistes ?

Les caractéristiques physiques des épreuves VTT demandent beaucoup de résistance, un effort poussé dans l’intensité, de bonnes fréquences cardiaques, et bien sûr, un bon niveau d’endurance. Ces qualités sont fondamentales et s’adaptent très vite au contexte de la compétition sur route.

Si Julien Absalon avait fait carrière sur route, jusqu’où aurait-il pu aller ?

Ça restera à écrire mais on peut se reposer sur ces coéquipiers qui ont tenté l’aventure pour produire des hypothèses. On pourrait imaginer pour lui un premier rôle au niveau du professionnalisme sur route, à l’image de Jean-Christophe Péraud.

Quelle sont les particularités du VTT ?

Le VTT, c’est le cheminement nature. L’activité procure des sensations tout à fait spécifiques, des sensations de pilotage et de surpassement mais également d’efforts intenses. C’est un contexte particulier… On aime ou on n’aime pas. Mais le VTT reste avant tout un sport proche de la nature.

Je pense que si Julien Absalon n’a pas tenté l’aventure sur route, c’est pour ces raisons.

Propos recueillis par Jérémy Satis et Eloïsa Patricio