On a testé pour vous : le marathon Nice – Cannes

Dimanche 9 novembre, 14 000 courageux ont bravé les éléments pour participer au 7ème marathon des Alpes-Maritimes. N’ayant pas eu le courage de faire les 42,195 kilomètres, deux rédacteurs de Buzzles et de SportsSpirit se sont partagés la distance avec un relais à 21,1 kms. Anecdotes et petites histoires de leur course.

C'est avec le dossard numéro 831 que nous avons connu notre premier semi-marathon. (Crédit photo : Elie Julien)

C’est avec le dossard numéro 831 que nous avons connu notre premier semi-marathon. (Crédit photo : Elie Julien)

On reproche souvent aux journalistes de commenter des performances qu’ils sont incapables de réaliser. Étant des apprenti-journalistes, nous avons souhaité y remédier avant même l’obtention de la carte de presse. Dès le mois de septembre, nous cochons la date du 9 novembre sur le calendrier. Après l’inscription, nous nous fixons un plan d’entraînement souple d’une sortie par semaine. Précisons qu’avant l’inscription nous n’avions jamais couru sur une si longue distance. Programme de l’entraînement : 3 séances de 10 kms, 3 séance de 15 kms et une tentative de 20 km interrompue par une crise de tétanie sans gravité de l’un d’entre nous. Petit voyage aux urgences. Mais nous n’avons jamais pensé à abandonner.

Jérémy est le premier relayeur, chargé de rallier Antibes depuis Nice. Il doit passer le relais à Elie qui rejoindra Cannes.

Nice – Antibes par Jérémy

7h25. Encore une grosse demi-heure avant le départ. La place Masséna de Nice est bondée. Impressionant. Je me dirige vers la mythique Promenade des Anglais d’où nous partirons.

Alors que je me place dans le sas de départ en fonction du temps que j’ambitionne de faire (4h15, soit 2h06 pour le semi-marathon), les bénévoles de l’organisation mettent l’ambiance. Rien de tel pour se vider la tête à dix petites minutes du moment fatidique. Des chants, des danses, des applaudissements, des sourires, et une horde de joggeurs sur la Prom’. Pas de doute on y est. Je décide de partir sur un rythme raisonnable. Je n’ai pas encore passé la pancarte du deuxième kilomètre, que déjà je double des joggeurs – et des joggeuses – satisfaisant un besoin personnel. C’est donc cela qu’on appelle le « pipi de la peur » ?

Je passe à côté d’une équipe de coureurs poussant une personne en fauteuil. Ils sont cinq à pousser l’engin, lorsqu’un d’entre-eux se rend compte que son lacet est défait. Il me sollicite pour le suppléer quelques secondes. La solidarité est vraiment de mise sur ce marathon. Si j’ai eu du mal à trouver mon rythme sur les dix premiers kilomètres, les onze derniers sont plus agréables. Je décide d’accélérer au kilomètre 20 pour donner le relais à mon coéquipier, Elie, avec le meilleur temps possible. Dossard 831, je me rends à la zone de relais. Étonnante surprise, il n’est pas là. A-t-il eu un soucis ? Une, deux, trois minutes passent. Je m’inquiète… On me prend le bras, je me retourne… ce n’était pas lui, mais ma petite amie. Deux minutes plus tard, Elie arrive enfin. Je lui passe le relais après 2h06 de course. Avec cinq minutes de retard, c’est maintenant à lui de jouer… ou plutôt de courir !

à gauche, Jérémy, premier relayeur, et à droite Elie, tout juste arrivé et bien mouillé. (Crédit photo : Pierrick Ilic-Ruffinatti)

à gauche, Jérémy, premier relayeur, et à droite Elie, tout juste arrivé et bien mouillé. (Crédit photo : Pierrick Ilic-Ruffinatti)

Antibes – Cannes par Elie

Quel âne ! Je me suis trompé de gare. Jérémy est-il arrivé au point de relais ? Quand je le rejoins sous la pluie et le vent, il est furieux et me dit qu’il attend depuis 5 minutes. Tant pis pour le chrono, j’ai déjà couru 4 bornes pour le retrouver, mon relais sera long. Au moins l’échauffement est déjà fait… Moi qui ne voulais pas partir vite, c’est foutu. Heureusement, les encouragements et le premier ravitaillement arrivent vite. Entre nous, essayer de boire dans un verre en courant est très périlleux. En prise au vent et sous les trombes d’eau, j’ai très froid. Un coureur me chambre même sur mon physique longiligne. Moqueur. «  C’est pour ça que j’accélère ! » lui dis-je en le distançant. J’aperçois un drapeau entouré de dizaines de marathoniens. Sur la banderole, il est écrit 4H15. L’homme qui la porte encourage les personnes autour de lui. C’est un lièvre. Après avoir passé ce petit groupe, une voix s’élève. « Merci pour eux, merci de les encourager ! » scande, en boucle, un participant. Il pousse les spectateurs à nous encourager tout en courant le marathon, surprenant. Mais le même disque pendant cinq bornes, c’est long. Il reste moins de 6 kms, j’accélère, slalomant entre les coureurs devenus marcheurs, compréhensible après 35 bornes. Nous sommes au bord de la route, tous trempés jusqu’aux os. Les voitures qui roulent au pas à nos côtés nous klaxonnent. L’une d’entre elles attire mon attention. Une petite fille, à l’arrière du véhicule, tient une pancarte sur laquelle il est écrit « Courage à tous ! Bisous Papa ! ». Bel esprit. Impossible d’accélérer sur les derniers hectomètres : nous sommes trop regroupés (et les jambes ne suivent plus). L’arrivée est une délivrance, après avoir donné mon dossard, je reçois nos deux médailles. Je retrouve Jérémy, douché et réchauffé. Il a eu le temps puisque j’ai mis 1h55. On s’embrasse, enfin c’est fait. Quelle joie et quel bonheur partagé.

Nous terminons officiellement 736e sur 1114. 650e sans la mauvaise blague d’Elie ! Mais l’essentiel est ailleurs ! Nos préoccupations ? se réchauffer et prévoir notre prochaine course. Dominés par l’envie de ressentir à nouveau ces sensations…

Vous voyez, on ne vous a pas menti, on l'a bien terminé. (Crédit photo : capture d'écran)

Vous voyez, on ne vous a pas menti, on l’a bien terminé. (Crédit photo : capture d’écran)

Jérémy Satis & Elie Julien