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La Coupe Davis va-t-elle créer un engouement auprès des jeunes français ?
L’équipe de France, dirigée par Arnaud Clément, a atteint la finale de la coupe Davis 2014 le week-end dernier à Lille. Malgré la défaite (3-1 contre la Suisse de Roger Federer), on peut imaginer que la performance des Bleus va faire croître le nombre de licenciés de la FFT (Fédération Française au Tennis).

Les Bleus après leur victoire pleine d’espoirs contre la République Tchèque en demi-finale. (Crédit photo : Henri Collot/AP/Sipa)
Vincent Neveu, 53 ans, coach du tennis club de l’Argentière situé à Mandelieu-la-Napoule (06), affirme que le parcours de Jo-Wilfried Tsonga & co. aura forcément des retombées positives pour la FFT. « C’est arrivé en 83 quand Noah (Yannick) avait gagné Roland Garros . Il y avait beaucoup d’inscrits, beaucoup de gens qui sont venus d’abord en curieux et ça a créé une émulation. Cela crée un élan, une dynamique même pour des gens qui ne sont pas spécialement passionnés. Ça donne envie, ça leur donne envie. » Un professeur du même club, Pierre Barberis, 36 ans, soutient des propos semblables. « Après, ce n’est pas une science exacte. Il s’avère que c’est vrai quand, soit au rugby ou au foot, dans les sports en général, quand l’équipe va au bout, ça peut justement susciter cet engouement. » L’histoire leur donne raison. Pour preuve, en 1998, suite à la victoire de l’équipe de France de foot, la fédération française de football (FFF) avait connu une hausse de 5% de son nombre de licenciés. Une tendance qui s’était confirmée en 2006, après la finale perdue contre les Italiens, avec un nombre de licenciés augmentant de 8%. Dernier exemple, après la Coupe du Monde de Rugby 2007 qui avait eu lieu dans l’Hexagone et la quatrième place du XV de France, le nombre de licenciés avait explosé de 30%. Preuve qu’une performance remarquée d’une équipe française lors d’un événement sportif de premier ordre peut donner envie aux plus jeunes qui ont suivi la compétition de près ou de loin, de s’investir pour ce sport.

Les Bleus après leur victoire pleine d’espoirs contre la République Tchèque en demi-finale. (Crédit photo : Henri Collot/AP/Sipa)
Pas sûr pourtant que les jeunes suivent le mouvement
Il semble plus évident qu’une performance médiatisée, comme un beau parcours en Coupe Davis, permettra aux coachs d’appâter de nouveaux tennismen. Pour Vincent Neveu, « comme c’est télévisé, je peux m’inspirer du jeu des joueurs. Par exemple quand je dis à un gamin de faire un service à la Gaël Monfils, forcément ça le marque et il a envie de l’imiter. » Pourtant, force est de constater que les jeunes français sont moins enjoués par l’événement que leurs coachs. Alors que les Bleus n’avaient pas encore perdu, Charlie et Pierre, jeunes joueurs du tennis club de l’Argentière, ont avoué que ça ne changerait rien pour eux. Rajoutez à ça la défaite de la France face à la Suisse le week-end du 23 novembre, et on peut imaginer que l’engouement généré par cette finale sera finalement moindre que ce qu’espéraient Pierre Barberis et Vincent Neveu. Ce dernier explique justement qu’en plus, une seconde place a un impact bien moindre sur les jeunes joueurs : « être second, c’est la place du con. Au bout, on ne retient que le vainqueur ». C’est un constat que feront sûrement les potentiels licenciés. Le témoignage de Charlie Ferrand, 14 ans et licencié du même club de l’Argentière en est la preuve : « Moi je ne suis pas, j’ai juste regardé le premier set Federer contre Monfils. » Comme quoi, le succès des meilleurs tennismen français ne suscite pas forcément l’intérêt attendu.
Lauriane Sandrini & Pierrick Ilic-Ruffinatti