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Les abeilles au cœur du débat
Depuis quelques années, les abeilles tombent comme des mouches, aux Etats-Unis comme ailleurs. Acariens, mais aussi pesticides sont responsables de cette hécatombe : une situation complexe à décrypter.
Depuis quelques années, les abeilles de David et Erika Schuit meurent en masse à l’arrivée du printemps. En 2012, les pertes représentaient plus de la moitié de leur élevage canadien du comté de Hanover, dans la région des Grands Lacs. Répétitives et toujours plus importantes, ces pertes ont poussé le couple à vendre son ancienne propriété : « Nous ne pouvons pas continuer comme ça », déplore Erika, mère de sept enfants. « Nous sommes une famille, et c’est une situation stressante. Il faut réussir à joindre les deux bouts. » Selon le Conseil Canadien du Miel, la population d’abeille du pays a chuté de 35% ces trois dernières années.
Plusieurs facteurs pourraient expliquer le phénomène, notamment diverses maladies, parasites et acariens. David Schuit est convaincu que les pesticides néonicotinoïdes, utilisés en masse dans les cultures de la région depuis 2004, sont les principaux responsables. Vendus par la société allemande Bayer AG, ces pesticides sont toxiques pour les insectes et les abeilles. L’Agence de Réglementation de la Lutte Antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada a étudié des échantillons d’abeilles mortes dans divers ruchers de l’Ontario et au Québec. Dans 70 % des prélèvements, un type de néonicotinoïde, la clothianidine, a été identifié. John Cowan, le vice président de Grain Farmers of Ontario (GFO) a déclaré partager les inquiétudes des apiculteurs vis-à-vis des effets néfastes des pesticides utilisés. Cependant, selon lui « d’autres recherches doivent être faites pour déterminer exactement comment – et dans quelles mesures – les néonicotinoïdes contribuent aux décès d’abeilles. »

« Si l’abeille venait à disparaître, les conséquences seraient catastrophiques et irréversibles. » Crédit Photo : la maison de l’abeille.
Le syndrome d’effondrement des colonies
Le déclin récent et anormal des populations d’abeilles domestiques a été constaté dans le monde entier. Aujourd’hui connu sous le nom de « syndrome d’effondrement des colonies », le phénomène est reconnu en Europe depuis 1981, et s’étend outre-Atlantique depuis l’hiver 2006. Un sujet préoccupant pour les apiculteurs, mais aussi pour les écologues et économistes. Depuis les années 1980, le nombre d’espèces d’abeilles sauvages a diminué de 30 à 60%.
Les abeilles domestiques sont elles aussi menacées. En France, la mortalité des colonies pendant l’hiver varie de 17 à 29% selon les années. Les abeilles sont essentielles à la pollinisation des plantes : sans elles, de nombreux aliments (10) se trouveraient à leur tour menacés. Fruits et légumes sont susceptibles de disparaître, mais aussi d’autres produits comme le cacao, le café ou bien l’huile de palme.
Les pesticides au cœur du débat
L’origine de ce phénomène fait encore polémique : de nombreux scientifiques restent dubitatifs quant à l’impact des pesticides néonicotinoïdes sur les abeilles.
Il apparaît que les causes de mortalité peuvent être différentes et d’ampleurs variables selon les pays touchés. Cependant, si des champignons, virus et acariens peuvent avoir une part de responsabilité dans la disparition des abeilles, nier l’implication des pesticides serait bafouer toutes les enquêtes et études réalisées à ce sujet. De plus, l’UNAF (Union Nationale de l’Apiculture Française), reconnaît le rôle de certaines pathologies mais considère toujours les pesticides comme la cause primaire de ce déclin.
Une étude publiée dans la revue scientifique américaine PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America) accuse quant à elle les pesticides néonicotinoïdes de détruire le système immunitaire des abeilles, les rendant incapables de se défendre contre les maladies et bactéries. Depuis plusieurs années, ils sont également la cible de l’Europe. En 2013, l’EFSA (Agence Européenne de Sécurité des Aliments) a mis en garde Bruxelles face à la toxicité de ceux-ci. Par la suite, trois pesticides ont été interdits par la Commission Européenne pour une durée de deux ans depuis le 1er décembre 2013. Ces actions trouvent un écho aux Etats-Unis : plus tôt cette année, Barack Obama a ordonné le réexamen (15) de l’impact des pesticides sur les abeilles et appelle à une stratégie globale afin de protéger ces pollinisateurs, via l’amélioration de leur habitat. Même si la disparition des abeilles est un enjeu de taille qui inquiète autant qu’il fait réagir, les enjeux économiques sous-jacents et les lobbies agricoles continuent de compliquer la mise en place de solutions durables et efficaces.
Eva Garcin
Les abeilles et plus largement les insectes pollinisateurs sont de loin les meilleurs amis de l’homme.Einstein disait « si l’abeille devait disparaitre, il resterait à l’homme 3 ans à vivre… » Il est bien regrettable que l’homme, dans sa folie, ne tienne pas compte de ce nécessaire travail des abeilles.
Deux petites remarques : parmi les causes multiples de disparition de l’abeille, l’une est fréquemment évoquée en Europe, le frelon asiatique. Enfin, il y a ce que j’appellerai volontiers la supercherie des Nicotinamides. Pour nos oncles et cousins d’Amérique, c’est la firme Bayer qui est à l’origine de ce produits et ses déboires, et pour les européens, c’est Monsanto. On dirait qu’ils sont tous OK pour lutter, pourvu que cela ne touche pas à notre économie…!Les abeilles vont encore mourir longtemps.