UNE B.O POUR UN MUET

Ce soir à 19h, au théâtre Croisette, le cinéma muet fera du bruit. Le groupe l’Attirail investit l’œuvre d’Hitchcock le temps d’une soirée.

Guitares, clarinette, contrebasse, monocorde, clavier, accordéon et trombone prêteront leur voix au chef d’œuvre The Lodger. Quatre-vingt-sept ans après sa naissance, ce film muet jouira d’une nouvelle dimension. Connu en France sous les noms Les Cheveux d’or ou L’Éventreur, le thriller parle de jeunes femmes blondes assassinées, de tueur en série, et d’un locataire suspect… Le tout, dans le style de Jack l’Éventreur.

 Le groupe l’Attirail accompagnera le ciné-concert, à 19h au théâtre Croisette. (Crédit photo : Futura Tittaferrante)

Le groupe l’Attirail accompagnera le ciné-concert, à 19h au théâtre Croisette. (Crédit photo : Futura Tittaferrante)

Une expérience inédite

L’idée du ciné-concert émane de Xavier Demerliac, musicien compositeur. L’artiste fait partie du groupe l’Attirail, aux côtés de Clément Robin, Alexandre Michel, Éric Laboulle et Xavier Milhou. Pour le compositeur, apprécier le film dont on écrit la musique est essentiel. « Encore heureux, sourit Xavier Demerliac. On a dû regarder le film une cinquantaine de fois ! » Si l’exercice n’est pas nouveau pour lui (c’est son cinquième ciné-concert, le premier ayant été présenté aux RCC en 2008), Xavier Demerliac prend toujours autant de plaisir à jouer ces compositions sur-mesure et exigeantes. « C’est beaucoup de liberté car le réalisateur ne donne pas son avis, mais tout repose sur la cohérence avec l’esprit du film. »

La musique, un personnage à part entière

 Si le silence peut être signifiant, aujourd’hui la musique a, elle aussi, son mot à dire. « Et les gens ne sont plus habitués à  voir des films muets », souligne Xavier Demerliac, pour qui le défi consiste surtout à éviter l’ennui des spectateurs. Un défi surmonté, car le compositeur n’a encore jamais vu quiconque s’enfuir au cours d’une projection. Son secret ? « Ne pas en faire trop, ne pas forcément aller dans le sens de l’image. Il faut que la musique apporte une autre dimension au film, une seconde peau. Si l’image est immédiate, alors je pense que la musique peut aller ailleurs. » Quel intérêt en effet d’ajouter de la colère à une scène de dispute ? Pourquoi ne pas plutôt illustrer la résignation de celui qui reçoit cette colère ? Le temps d’une soirée, les curieux pourront déguster le fruit de ce travail méticuleux, un savoureux mélange entre quatrième et septième art.

Lara Pekez

Suzanne Shojaei