Wargnier, entre Cannes et Beyrouth

Le réalisateur tenait une masterclass hier au lycée Carnot.

De nombreux apprentis cinéastes ont pu s'inspirer du réalisateur lors de cette rencontre Crédit Mathias Hubert

De nombreux apprentis cinéastes ont pu s’inspirer du réalisateur lors de cette rencontre
Crédit Mathias Hubert

Quand un maitre du cinéma français s’adonne à l’exercice d’une masterclass devant une salle comble, remplie d’étudiants en cinéma, les oreilles sont grandes ouvertes, les bouches se ferment. Mis à part de grands éclats de rire quand Wargnier, généreux, leur confie quelques anecdotes drolatiques, touchantes ou improbables piochées ça et là dans sa carrière mouvementée. Comme cette consommation de « chichon », salvatrice, lors d’un tournage à Beyrouth où, jeune assistant réalisateur, il s’est retrouvé en pleine guerre du Liban, à faire un film sur… la guerre. « Eh bien quoi, je ne vais pas vous mentir… » confie, charmeur, le réalisateur à son jeune public. Où encore quand, en 2002, membre du jury du festival de Cannes, il se fait filouter par David Lynch sur la question des récompenses : « Il est très manipulateur, comme dans ses films ! Que voulez-vous, on apprend à tout âge…»

« Je ne rentre dans aucune case »

Car c’est bien cela qui ressort du personnage de Wargnier, de l’honnêteté, de la générosité, de la curiosité. Tout débute lorsque, enfant, sa mère le « lâchait » dans le cinéma de quartier : « Ce qui était caché par les adultes dans la vie réelle ne l’était plus dans la salle de cinéma. » Après des études de lettres à la fac et un peu de photo, il devient doubleur lumière pour Claude Chabrol. Ce sont ses débuts, « tout en bas de l’échelle », et ses expériences de régisseur ou d’assistant réalisateur, un peu partout dans le monde, qui ont façonné le cinéaste. Régis Wargnier se définit d’ailleurs comme un original : « Je suis entre deux générations, les critiques ne peuvent pas me classer dans un genre et ça les emmerde ! » Le cinéaste passe d’un film historique à un scénario original, d’un documentaire sur l’athlétisme à l’adaptation d’un polar… « Je passe d’un univers à un autre et c’est ce que j’aime dans mon métier. » Après plus de quarante ans dans le cinéma, Régis Wargnier n’a plus rien à prouver ni à cacher. « Chaque auteur prend des risques. Notre travail est de produire des choses destinées à être vues. » Applaudissements. La salle remercie l’homme tout autant que le cinéaste.

Antoine Coste Dombre

Mathias Hubert