Dans l’ombre du film d’horreur

A l’occasion des RCC 2014, une masterclass sur le film d’horreur sera animée par Edouard Waintrop, vendredi 12 décembre au lycée Carnot de Cannes.

Vous comptez commencer le tournage de votre premier film d’horreur ? Vous avez sûrement besoin de conseils. N’ayez peur, justement. Édouard Waintrop, critique de cinéma et délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs propose à 14 heures une masterclass consacrée au maître de la frousse, Jacques Tourneur de Hollywood. Au programme : extraits de films d’horreur de divers cinéastes, dont Jacques Tourneur avec trois films phares (La Féline – 1942, La Griffe du passé – 1947 et Rendez-vous avec la peur – 1957).

Édouard Waintrop, directeur général de la Quinzaine des Réalisateurs, aux RCC 2013. (Crédits photo : cannes-cinema.com)

Édouard Waintrop, directeur général de la Quinzaine des Réalisateurs, aux RCC 2013. (Crédits photo : cannes-cinema.com)

Un cinéaste de la suggestion

Selon Édouard Waintrop, Jacques Tourneur a une véritable conception esthétique de la peur. L’angoisse n’est-elle pas plus grande lorsque l’on ne montre pas l’objet de terreur ? « Avec lui, c’est le début d’un nouveau genre de films d’horreur, d’une nouvelle manière de faire peur. Avant lui, on faisait peur avec des monstres. Mais depuis son film La Féline, tout est dans la suggestion. » La Féline, c’est l’histoire d’une femme qui se transforme en panthère. On la devine, on l’imagine, on effleure l’idée de sa présence, toujours insinuée mais jamais représentée à l’écran.

La Féline met également en avant un effet aujourd’hui incontournable du cinéma d’épouvante. L’effet-bus, comme on l’appelle, consiste à créer une scène de suspense intense, suivi d’un élément extérieur faisant irruption à l’écran, débouchant alors sur un retour à la normale de la situation. C’est le cas dans La Féline, au moment où un bus vient rompre l’angoisse du personnage, d’où le nom de l’effet.

« Voir du noir »

« Il faut beaucoup de noir à l’écran pour que l’expression « voir du noir » prenne tout son sens, recommande le critique. Des jeux d’ombre également, pas besoin de monstres mais une utilisation intelligente de la bande-son. » Mais Édouard Waintrop ne vient pas pour donner des leçons. Ce qu’il apprécie le plus aux RCC, c’est « de pouvoir se confronter aux critiques des jeunes lycéens et collégiens lorsqu’(il) les rencontre. (Il) trouve cela très intéressant pour quelqu’un qui aime toujours se remettre en question. »

Édouard Waintrop a déjà frissonné devant La Belle et la Bête, de Jean Cocteau (1946), La Féline justement, et L’Exorciste, de William Friedkin (1973). Et vous ?

Lara Pekez

Suzanne Shojaei