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Le prix de l’essence ne suit pas celui du pétrole
Depuis juin 2014, le prix du baril a diminué de près de moitié. En France, cette chute n’est pas aussi visible à la pompe. Pourquoi cette différence ?
Le prix du baril de pétrole est passé sous la barre des 50 dollars ce lundi 5 janvier. Un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis 2009. Conséquence directe : les consommateurs français profitent d’un prix à la pompe plus faible que d’habitude. Pourtant, cette diminution du prix du baril n’est pas entièrement répercutée.
Initialement, cette baisse est due à une exploitation des pétroles non conventionnels comme les pétroles de schiste en nette augmentation. Mais aussi à un nombre de barils sur le marché bien supérieur à ce qui est nécessaire : 1.5 millions ne trouvent pas d’acheteur. Avec certains pays toujours en difficultés financières, l’offre est supérieure à la demande. Un phénomène clairement recherché par les membres de l’OPEP pour affaiblir les pays producteurs de gaz de schiste comme les États-Unis.
Grâce à cette chute du prix du baril, les tarifs des carburants en France ont donc aussi diminué. Selon les chiffres du ministère de l’Ecologie et de l’Energie, le gazole a baissé de 23,8 centimes depuis janvier 2014. C’est le niveau le plus bas observé depuis février 2010. Concernant l’essence sans plomb 95, son prix est de 1.364€, il n’avait pas été aussi bas depuis septembre 2010.
Un prix significativement bas qui pourrait l’être encore plus selon certains. L’association de consommateurs CLVL dénonce, par exemple, les distributeurs qui profitent du repli actuel des cours de pétrole pour augmenter leurs marges. Nicole, Mandolocienne de 63 ans estime que « les prix ne diminuent pas assez » et que « les grands groupes sont gagnants au final ».
Pour Thierry, employé chez Total, la vérité est un peu plus complexe. Il avoue que certaines entreprises pétrolières pourraient faire plus d’efforts.
Alors pourquoi cette différence ?
La principale raison est qu’une part importante du prix du carburant est fixe : c’est la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). La partie dépendant du prix du pétrole est elle beaucoup plus faible. Cette différence est aussi liée au fait que le dollar soit plus fort que l’euro. On achète le pétrole en dollar, alors qu’on consomme l’essence en euro. Si l’euro était fort, la baisse du prix du gazole serait plus importante.
En plus, depuis le 1er janvier, le prix de gazole a augmenté de 4 centimes par litre (hors TVA), la moitié pour financer l’abandon de l’écotaxe et l’autre dans le cadre de la « taxe carbone ». L’essence aussi n’y échappe pas, la taxe est de 1,8 centime/litre. La diminution du prix du baril de pétrole est donc d’autant moins visible.
Lucas Vola et Manon David