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Transports : le train laissé sur le bord de la route
Le train serait-il en passe de devenir un moyen de transport de luxe ? En ce début d’année, la SNCF prévoit d’augmenter le prix de ses billets. Parallèlement, François Hollande soutient le projet de loi d’Emmanuel Macron. Il vise à développer un réseau national de transport en autocar à moindre coût.
Pour les usagers de la SNCF, 2015 commence mal : le prix des billets devrait augmenter de 2,6%. Cette hausse, que le réseau justifie par l’inflation générale de début d’année, n’enchante pas Ségolène Royal qui souhaite que « la SNCF reste un outil de transport de masse. »
Le gouvernement en faveur des transports routiers
Pour Emmanuel Macron, ministre de l’économie, l’heure est au changement. Au programme du projet de loi qu’il présentera à l’Assemblée Nationale le 26 janvier, la libéralisation les lignes d’autocar. La réglementation actuelle ne permet de voyager en bus que si l’on a l’intention de se rendre à l’étranger. La loi autoriserait les transporteurs à organiser un réseau national de lignes d’autocars. François Hollande s’est prononcé en sa faveur lundi, lors d’une interview sur France Inter.
Le juriste spécialisé en transport ferroviaire, Laurent Quessette, s’insurge de cette mesure sur le site de Médiapart. « Ceux qui sont pauvres prendront le car », déplore-t-il.
« C’est une caricature », selon Emmanuel Macron, qui voit dans son projet « une mesure de justice et une source d’emploi ».
Depuis quelques années, pour les plus jeunes et plus modestes, deux alternatives se sont imposées au train et ses prix croissants : le voyage en autocar et le covoiturage.
La SNCF prête à faire face
Si le train devient un luxe, la SNCF est préparée à s’adresser aux moins aisés. Elle lance en 2012 sa filiale iDBus, pour faire voyager à travers l’Europe en car. Face à elle trois compagnies leaders du marché: Megabus, Starshipper et Eurolines. Le groupe ferroviaire s’est offert une plateforme de covoiturage l’année suivante, iDVroom.com. Le géant Blablacar est déjà bien installé, mais le secteur devrait croître de 35% à l’horizon 2020. iDVroom s’est alors spécialisé dans le covoiturage du quotidien.
Les écologistes sont encore à convaincre
Cécile Duflot – ex-ministre de l’écologie – dénonce une “cécité écologique”. « En prônant le transport par car », le projet Macron « va renforcer le transport routier, premier facteur d’émissions de gaz à effet de serre ». Du point de vue de la pollution, le transport en train reste favorable à la planète.
Ségolène Royal, ministre actuelle de l’écologie, préfère soutenir le projet en misant sur l’optimisme: « Ce sera justement l’occasion de faire en sorte que les nouveaux autocars soient des autocars propres. » La députée EELV imagine déjà « une nouvelle génération de transports urbains et périurbains ».
Le débat qui se tiendra le 26 janvier prochain relève autant d’un problème sociétal qu’environnemental.
Pauline Brisset & Manon Bazerque