Charb, le dessin de presse à la vie, à la mort

Publié par La rédaction le 8 janvier 2015 dans #CharlieHebdo, National, Portrait, Société | Un commentaire

Stéphane Charbonnier, alias Charb, était un dessinateur de presse, caricaturiste et directeur de publication de Charlie Hebdo. Il fait partie des douzes victimes de la fusillade dans les locaux du journal, qui a éclaté mercredi 7 janvier. Retour sur la carrière de ce porte-étendard de la liberté d’expression.

Stéphane Charbonnier, alias Charb, est né le 21 août 1967 à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines. Il a à peine onze ans lorsqu’il est touché par la passion du dessin de presse, après être tombé sur une oeuvre de Cabu. Ce dernier devient par la suite son ami et collègue. À partir de ce moment, il se consacre corps et âme au dessin de presse.

Il décide alors de dessiner pour le journal de son collège puis pour Les Nouvelles du Val-d’Oise, avant d’entamer une carrière de caricaturiste. En 1991, il travaille pour l’hebdomadaire La Grosse Bertha.

L’année suivante il suit Philippe Val et Cabu dans l’aventure Charlie Hebdo: c’est le début de sa carrière au sein du journal satirique. Il y tient la rubrique politique Charb n’aime pas les gens jusqu’en 2002. Il collabore en tant que dessinateur de presse aux journaux L’écho des savanes, Télérama et L’humanité. Il signe également une rubrique mensuelle, La fatwa de l’Ayatollah Charb, pour la gazette Fluide Glaciale. De 2007 à 2008, il ajoute la télévision à son CV en participant à l’émission T’empêches tout le monde de dormir sur M6 en tant que dessinateur de plateau.

En 2009, les choses s’accélèrent pour Charb qui devient le nouveau directeur de publication de Charlie Hebdo, suite au départ de Philippe Val. Sur le plan politique, partisan de longue date du PCF, il choisit de soutenir le Front de Gauche lors des élections européennes de 2009 et régionales de 2010.

Charia Hebdo, le début des ennuis

En 2011, la deuxième affaire des caricatures de Mahomet éclate. Le 31 octobre, deux jours avant la publication de l’hebdomadaire, Charb dévoile à la presse la une à venir. Charlie Hebdo prévoit un numéro spécial « Charia Hebdo, Mahomet rédacteur en chef » en réaction à l’arrivée au pouvoir du parti Ennahda en Tunisie.

La Une qui a mis le feu aux poudres en 2011.

Dans la nuit du 1er et 2 novembre, les locaux du journal, alors situés dans le 20e arrondissement de Paris, sont incendiés. En tant que directeur de la publication, Charb sera placé sous protection policière. Cela ne l’empêche pas de recevoir des menaces de morts. Il réplique par ces mots pour faire savoir qu’il ne craint pas les représailles : « Je n’ai pas de gosses, pas de femmes, pas de voitures, pas de crédit. C’est peu être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux ».

Malgré les menaces, Charb ne craignait pas les représailles.

Alliant les actes à la parole, l’hebdomadaire Charlie Hebdo récidive et Charb autorise la publication en Une d’un dessin de Luz pastichant une scène culte du film Le Mépris de Godar et montrant Mahomet dénudé. Il est à nouveau visé par plusieurs menaces de mort.

Charlie Hebdo récidive avec une nouvelle caricature de Mahomet.

Deux hommes seront même arrêtés. L’un, de La Rochelle, avait appelé à décapiter les auteurs de l’hebdomadaire. L’autre avait manifesté son intention de se rendre à Paris dans les locaux du journal pour « égorger tous ceux qu’il allait croiser ». Charlie Hebdo évite alors le drame. Mais malheureusement, le mercredi 7 janvier, les locaux de l’hebdomadaire seront tout de même attaqués. Charb y perdra la vie ainsi que 11 autres victimes parmi lesquelles les dessinateurs Wolinski et Tignous, ainsi que son ami et idole de jeunesse Cabu.

Son dernier dessin, malheureusement prémonitoire, prend alors une dimension tragique.

Le dernier dessin de Charb s’est malheureusement révélé comme étant prémonitoire.

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Jérémy Satis et Antoine Lahier