[FIPA] Le documentaire, arme d’information massive

Lors du Festival International de Programmes Audiovisuels 2015, certains documentaires mettent en valeur autant qu’ils dénoncent des initiatives qui gagnent à être connues.

Dès les premières images, le ton est donné. Sommairement : « L’homme tend à rechercher le bonheur. L’Homme moderne passe son temps au travail. La problématique de l’Homme moderne est donc de rechercher le bonheur dans le cadre professionnel ». Pas d’idéologie, pas de Arbeit macht frei nauséabond, pas plus de capitalisme que d’anticapitalisme. Le documentaire de Martin Meissonier, intitulé le bonheur au travail est avant tout une histoire d’hommes.

En France, en Belgique, au Japon ou aux États-Unis, tout au long du tournage, le réalisateur part en quête d’entreprises libérées. Comprenez des entreprises qui ont confié leur destin à des employés égaux au détriment d’une hiérarchie pyramidale. En quatre-vingt-dix minutes, le reportage accumule les illustrations d’une même thèse comme autant d’arguments à charge contre les organisations traditionnelles d’entreprises. Pas de colère pour autant, les témoins racontent leur épanouissement à travers des systèmes moins infantilisants, pensés pour responsabiliser.

«  De nombreux employés témoignent dans le documentaire. Crédits : Martin Meissonier »

«  De nombreux employés témoignent dans le documentaire. Crédits : Martin Meissonier »

Quelques questions s’imposent forcément face à une telle accumulation d’arguments plaidant pour un changement radical. Est-ce viable ? Oui, si l’on en croit les chefs d’entreprises qui annoncent tout sourire des hausses de chiffre d’affaires prodigieux (quelque chose comme 15% en moyenne dès la première année). Est-ce applicable partout ? Non, si l’on en croit les responsables syndicaux interrogés. Comment leur reprocher leur scepticisme, la plupart des entreprises libérées le sont aussi des élus syndicaux. Pourquoi ne s’est-on pas posé la question plus tôt ? Parce que l’évolution est un processus lent, que la révolution industrielle se situe avant-hier à l’échelle de notre histoire et qu’il faut des pionniers pour ouvrir le chemin aux autres. C’est en cela que, plus qu’un documentaire, le bonheur au travail se présente comme une caution pour les entreprises désireuses de tenter autre chose. Pas forcément un modèle parfait ou miraculeux, simplement autre chose.

Loïc Masson