[FIPA] Les transgenres à travers l’œil d’une réalisatrice brésilienne

Le documentaire De Gravata e Unha Vermerlha pose une question simple : « qui suis-je ? ». La réalisatrice brésilienne Miriam Chnaiderman guide cette réflexion autour d’un point : le sexe.

Brésil, pays bien connu pour ses fêtes exubérantes. C’est dans ce milieu que la réalisatrice met en scène une myriade d’artistes de la nuit brésilienne. Le cœur du reportage : des personnes en quête de leur identité sexuelle. Dès le départ, l’accent est mis sur cet esprit jovial et festif avec un concert animé par une chanteuse. Une chanteuse qui a subi de multiples opérations pour passer du statut d’homme à celui de femme. « Je suis une femme fabriquée en Chine », raconte l’artiste.

Un film qui met en avant l'excentricité des transgenres  crédit DR

Un film qui met en avant l’excentricité des transgenres (crédit photo : D.R.)

Un film très coloré, souvent drôle mais parfois décevant. Le spectateur assiste à une succession de témoignages, sans forcément entrer concrètement dans le quotidien de ses personnes en quête d’eux-mêmes. Quelles sont les réactions de leur entourage, en images ? Comment s’opère concrètement la transition ? Dans ce reportage ce sont les apparences qui priment. Les hommes et les femmes se déguisent, se maquillent. Mais la problématique principale du film reste « comment apprendre à s’aimer ? ». Certains s’adaptent et acceptent leur apparence physique. Un styliste choisi de garder ses poils, marqueur de sa masculinité. Pour lui l’opération n’est que fictive et aboutit seulement une classification des genres. Au bout du compte c’est le fait même de vivre, en tant qu’homme ou femme, qui s’avère être un périple. Dans un pays où la dictature militaire a régné, difficile de s’affirmer.

La société ne favorise décidément pas l’intégration des transsexuels. A travers des phrases comme « Je ne suis pas un malade mentale », la réalisatrice laisse transparaître la façon dont ils sont mis à l’écart. Le corps ne fait pas l’identité, ni le sexe.

Beaucoup de questions restent donc en suspens pour laisser les interviewés revenir, tour à tour, sur leur expérience, comme une sorte de rétrospective. A défaut de mélanger différentes cultures, ce film est un mélange de vécus de personnes transgenre, dont le combat est l’anonymat face à une violente transphobie.

 

Eloïsa Patricio

Gyotis Delsart