Raz de marée rouge aux législatives grecques

Bâbord toute ! Ainsi se dirige le navire grec depuis les élections législatives du dimanche 25 janvier.

A la barre, le Premier ministre grec sortant Antonis Samaras, a laissé place au nouveau capitaine Alexis Tsipras. Ce dernier a hissé le nouveau pavillon aux couleurs de l’extrême gauche et de son parti Syriza. Le cap est clair. Le navire, armé d’une légitimité record (36.5 % des votes), ne part pas en guerre contre l’Europe, mais contre la politique d’austérité que la Troïka (Commission, européenne, BCE et FMI) fait peser sur la Grèce depuis 2012, et contre l’accord que le pays avait signé avec ses créanciers. La bataille promet de faire rage en interne aussi : pour ce quadragénaire, le pays est « pris en otage par l’oligarchie financière ». Ses premiers mots après les premiers chiffres du vote dimanche ont été précis :

« Le choix est plus clair que jamais. Soit la Troïka revient et poursuit le travail de Samaras et la catastrophique politique d’austérité, soit on va vers une renégociation dure et difficile avec nos partenaires pour reconquérir une vie digne ».

Tsipras grèce article

Alexis Tsipras, le chef de Syriza, qui signifie en grec « Coalition de la gauche radicale ». (Crédit photo : Yannis Behrakis)

Dans cette perspective, le commandant Tsipras s’est préparé au combat, en formant un gouvernement resserré pour plus d’efficacité. Le programme est connu depuis plusieurs mois : mettre fin a l’austérité, renégocier la dette grecque (environ 320 milliards d’euros, soit 177 % du PIB), et renouer avec la croissance. Le parti compte pour cela sur une nouvelle tranche d’aide européenne et sur la lutte anti-corruption, dans un pays gangrené par les scandales politico-financiers. Bon nombre d’acteurs étrangers voient dans ce programme une farce, car Alexis Tsipras s’apprête à affronter vents et marées pour défendre ce projet face aux dirigeants européens, et notamment face à la chancelière allemande Angela Merkel, qui a balayé d’un revers de manche les déclarations vindicatives du nouveau premier ministre grec :

« Il y a déjà eu un renoncement volontaire des créanciers privés, les banques ont déjà renoncé à des milliards de créances sur la Grèce […] Je ne vois pas de nouvel effacement de la dette ».

Si la bannière rouge de Syriza flotte désormais sur l’échiquier politique grec avec ses 149 sièges a l’Assemblée, un autre navire que l’on avait presque oublié fait son retour. L’étendard noir du parti d’extrême-droite Aube dorée s’est hissé à la troisième place, derrière « Nouvelle démocratie », parti du Premier ministre sortant, avec 17 sièges. Un score salué par ses dirigeants depuis leurs lieux de détention, où ils sont retenus, accusés d’appartenir à « une organisation criminelle ».

Alex Gouty