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Le service civique, pour quoi faire ?
Un « service civique universel » volontaire, c’est ce qu’a tranché François Hollande lors de sa conférence de presse du 5 février à l’Elysée. Pour tout comprendre, explications sur les changements de ce nouveau service civique ainsi que sur les avantages qu’il peut apporter.
Le service civique, qu’est-ce que c’est ? Créé en mars 2010, il consiste à s’engager dans des missions d’intérêt général. Concernant les jeunes âgés de 16 à 25 ans, le service civique propose des missions de 6 à 12 mois dans des associations, des collectivités locales ou encore des établissements publics. Sur le plan financier, les volontaires bénéficient d’une rémunération obligatoire de 573 euros nets par mois. Évoquons maintenant les nouveautés. Ce nouveau service universel sera plus simple. « Tout jeune de moins de 25 ans qui souhaitera faire un service civique de huit mois pourra le faire dès le 1er juin », affirme François Hollande. Jusqu’à maintenant, seuls 20 % des candidats étaient acceptés. Le gouvernement estime ainsi le nombre de volontaires entre 170 000 et 180 000 contre 35 000 en 2014, d’après l’Agence du service civique (ASC). Le nombre de missions est lui aussi augmenté. François Hollande précise que cela « va supposer de mettre toutes les collectivités, toutes les associations, tous les ministères en capacité de proposer 150 000 ou 160 000 missions dans un délai particulièrement court ». Enfin, la question du budget reste floue. Le gouvernement prévoit 170 millions d’euros, ce qui permettrait d’accueillir 45 000 jeunes. Or le président de l’ASC, François Chérèque, mentionne qu’« il nous en faudrait 600 » pour accueillir tous les volontaires.

Légende : Le service civique propose des missions dans des secteurs variés. (Crédit photo : Dessin Chaunu/Ouest France)
Trois bonnes raisons de s’engager
1) Aide pour l’emploi
D’après une étude TNS Sofres de 2013, portant sur l’impact du service civique sur ceux qui l’ont fait, 86 % des personnes interrogées affirment avoir acquis des compétences utiles dans leur avenir professionnel tandis que 81 % profitent de l’expérience des spécialistes. Découvrir le milieu du travail est une thématique du service civique qui bénéficie à 70 % des jeunes. 61 % des anciens volontaires estiment par ailleurs que cette expérience les a aidés ou va les aider à trouver du travail. Pour une future embauche, mentionner l’expérience du service civique est bénéfique auprès d’un employeur pour 62 % des volontaires.
2) Valorisation de soi
Toujours d’après l’étude de TNS Sofres, 92 % des personnes interrogées pensent que cette occasion leur a permis d’être autonomes. Pour 91 % d’entre eux, il s’agit d’avoir accompli quelque chose d’utile socialement. Sur la même thématique, 90 % ont le sentiment d’avoir rempli les objectifs de leurs missions. Grâce au service civique, 53 % des personnes interrogées par l’étude affirment avoir acquis une confiance en elles-mêmes.
3) Bénéficier d’avantages pratiques
En s’engageant dans des missions d’intérêt général, le jeune volontaire acquiert une carte de service civique. Elle est valable un an à partir de la date du début du contrat. D’après le gouvernement, cette carte permet de profiter de certaines réductions, que ce soit sur des logiciels informatiques ou des forfaits téléphoniques. Dans la région PACA, le volontaire jouit de réductions tarifaires sur son abonnement RTM, sur ses achats culturels avec le Pass Culture +, et bénéficie d’une aide à la mobilité qui prend la forme d’une bourse de 400 euros par mois.
Lauriane Sandrini
Engagez-vous, qu’ils disaient, engagez-vous ! Votre article inspire un bel optimisme que je n’arrive pas à totalement partager. D’abord on ignore tout de la sociologie de la cible, sinon l’âge. Quels sont ces jeunes qui par centaines de milliers vont s’inscrire à ce service civique? Ensuite, si l’on est capable de créer 160.000 missions de 8 mois en très peu de temps, cela veut dire qu’il y a un gisement d’emploi inexploité dans la lutte contre le chômage. Car si ces missions sont bien réelles, alors elles pourraient tout aussi bien être tenues par un salarié, ne serait-ce qu’en CDD, qui travaillerait tout autant qu’un volontaire mais gagnerait nettement plus. Payer 573€ par mois une personne est proprement honteux à ce jour en France. Il n’y a que l’Etat pour s’octroyer de tels droits.
Comme je ne crois pas un mot sur ces 160.000 missions créées d’un simple trait de plume, on est en droit de penser qu’une toute petite minorité, ceux qui auront la chance de tomber sur une « vraie » mission auront un sort un peu amélioré par rapport aux autres, au moins ils auront un début d’expérience.
Alors évidemment, on va sortir 160.000 personnes de l’ANPE, ce qui pour les statistiques et les aspirations politiques des uns et des autres est toujours bon. Et les jeunes bloqués dans cette parodie de travail vont perdre 8 mois dans leur recherche d’emploi.
Vous m’avez compris, sur ce sujet je suis malheureusement moins optimiste que vous. Et comme vous l’avez abordé, je ne reviens pas sur les impasses budgétaires apparentes…
Alors maintenant, si l’on se place sur l’aspect formation au civisme, ou toute autre formation, alors il faut le rendre obligatoire. Mais là, c’est une autre affaire !
Je comprends votre point de vue. Les annonces de François Hollande sur ce nouveau service civique sont décriées justement pour leur non faisabilité. Les nouvelles missions crées ne le seront pas avant plusieurs mois, et seulement si le budget nécessaire est rassemblé. En somme, oui, le service civique n’est pas quelque chose d’arrêté et de prêt à fonctionner dans l’immédiat.