Cannes Cinéma : le 7ème art se vit aussi sans Festival

Buzzles a rencontré Aurélie Ferrier, présidente de Cannes cinéma. L’association organise projections de films et rencontres avec des professionnels du grand écran. Elle contribue à offrir aux cannois 365 jours de cinéma par an.

Légende : A Cannes, le cinéma n’est pas qu'au Palais des Festivals. (Crédit photo : Nicolas Faure)

 A Cannes, le cinéma n’est pas qu’au Palais des Festivals. (Crédit photo : Nicolas Faure)

Buzzles : Que fait concrètement Cannes Cinéma pour faire vivre le 7ème art toute l’année?

Aurélie Ferrier : Cannes Cinéma propose de nombreux événements récurrents toute l’année : les « jeudis cinéma » représentent dix séances par an. Les distributeurs et parfois un acteur ou un réalisateur viennent présenter un film. « Le lundi c’est comédie », c’est tous les quinze jours. Tous les genres de comédies sont mis en valeur. On essaie de montrer des comédies qui ne sont pas trop sorties à Cannes comme New York Melody ou Maestro. On repasse aussi des comédies grand public qui ont bien fonctionné, comme Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?. « Les trois jours avec… », c’est l’idée de proposer au public de passer trois jours avec un réalisateur, à travers des master classes, des rencontres, des discussions. Il passe du temps avec les cinéphiles à chaque cocktail. Cela permet vraiment aux gens de rencontrer les réalisateurs, et aux réalisateurs de rencontrer leur public. Pour les films du ciné-club, nous travaillons avec un groupement d’intérêt public, Cannes Bel Age, sur la programmation de films récents et de films clairement axés pour les cinéphiles, avec par exemple Final Cut ou L’Attentat, des copies rares qu’on réussit à trouver. Nous proposons aussi les ciné-quartiers : tout l’été on présente un film dans les rues de Cannes. Mais nos deux plus gros événements restent les Rencontres Cinématographiques de Cannes en décembre et Cannes Cinéphile au mois de mai, qui est la partie « grand public » du festival de Cannes.

Buzzles: Cannes Cinéma est-elle en contact avec les établissements scolaires, les élèves et les étudiants cannois ?

A.F. : Bien sûr, le deuxième axe de notre association est la partie pédagogique qui n’est pas ouverte au grand public : nous avons l’agrément officiel pour travailler avec l’Education nationale. Nous avons une partie film-école dans laquelle on présente des films à des milliers d’enfants chaque année. On organise des ateliers avec les collégiens et les lycéens qui le souhaitent, on vient dans les établissements scolaires à la demande des professeurs, on fait des ateliers sur les courts-métrages ou sur les scénarios. On organise aussi les cinécoles, pour donner une idée aux enseignants des films qui seront diffusés l’année prochaine. Des professeurs viennent de la France entière pour assister à ces cours, ce sont des formations pour les enseignants, qui sont maintenant ouvertes au grand public. On a aussi beaucoup de contacts avec le BTS audiovisuel de Cannes. On organise nos master classes pendant les Rencontres Cinématographiques de Cannes pour eux. Quand on invite un réalisateur, on essaie d’organiser une rencontre avec les BTS, avec les prépas cinéma et la section cinéma du lycée Bristol. On accrédite le BTS et votre IUT journalisme pour le festival de Cannes et les RCC.

Buzzles: Comment choisissez-vous les films que vous diffusez ? Comment êtes-vous financés ?

A.F.: Il y a des films qui coûtent plus cher que d’autres, surtout ceux du ciné-club. Les films récents sont souvent les moins chers, on a un pourcentage à régler sur chaque billet vendu. Les spectateurs donnent exactement 50% de leur billet au distributeur et 50% au cinéma. Pour les films anciens c’est plus compliqué, car les distributeurs demandent un minimum garanti que doit payer le cinéma et on ne peut pas prévoir à l’avance le nombre de spectateurs dans la salle. Pour ce qui est du financement, la ville de Cannes nous aide à hauteur de 70%. Ce qui est logique puisque nous sommes l’opérateur de la ville de Cannes concernant le cinéma. Les 30% restant ce sont nos entrées propres, la Région, le Conseil régional et beaucoup de partenaires privés qui nous aident en nous évitant de nombreux frais.

Buzzles: A part Cannes Cinéma, quelles sont les associations qui font vivre le cinéma toute l’année ?

A.F. : Toute l’année, différentes associations et structures font vivre le cinéma à Cannes : il y a tout d’abord les exploitants. Les privés sont l’Olympia, les Arcades et le Star. Les exploitants subventionnés sont Cannes Cinéma, la MJC (maison des jeunes de la culture) Picaud et le cinéma le Raimu qui est exploité par la MJC Ranguin. Ensuite, il y a les associations de cinéphiles, comme le Film Club de Cannes, l’association Ciné Croisette qui travaille avec les cinémas les Arcades, l’Olympia et le Star et qui appelle ses adhérents à venir voir tel ou tel film, dans telle ou telle salle. Ciné en Vol est une association œcuménique, plutôt chrétienne, qui essaie de choisir des films dont ses adhérents pourront débattre. Le GIP (groupement d’intérêt public) Cannes Bel Age fait sa propre programmation dans les 3 salles exploitées par Cannes Cinéma : Miramar, Alexandre 3 et La Licorne. Enfin, on a des associations en lien avec le cinéma comme Papillon vidéo club qui fabrique des films ou Ciné Caméra club qui regroupe des personnes fabriquant des films, qui mettent en valeur la pratique. Bref, il y a quand même beaucoup de choses à Cannes qui permettent de vivre le cinéma toute l’année.

Buzzles: Pour conclure, en dehors du festival, Cannes porte-t-elle bien son nom de ville du cinéma ?

A.F. : Oui, j’en suis convaincue. Cannes Cinéma propose des projections et évènements une à deux fois par mois. Mais nous ne sommes pas les seuls à faire vivre le cinéma à Cannes. Entre les associations de cinéphiles, les associations qui permettent de faire du cinéma, et les exploitants, les Cannois fans de cinéma ont de quoi s’occuper.

 

Propos recueillis par Nicolas Faure et Emilie Unternehr