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« J’aimerais pouvoir vous dire que 60 000 Cannois sont centrés sur la sécurité »
Buzzles a rencontré Alain Ramy, conseiller municipal de Cannes et délégué à la police municipale. Juge de formation, le quatorzième adjoint nous a accordé un long entretien pour traiter des questions de sécurité, et notamment du déploiement du plan vigipirate.
La police municipale est armée. Est-ce quelque chose de nécessaire ?
La police municipale est armée depuis très longtemps. C’est quelque chose d’indispensable en ce moment, et même d’une manière générale, un policer non armé, c’est délicat. Physiquement, il est à ses risques et périls, tandis qu’une arme, c’est une sécurité. Mais tout ceci est dans un cadre de prévention, d’une « éducation » des policiers pour garder leur sang froid. C’est surtout dissuasif.
Depuis les attentats de début janvier en France, les mesures de sécurité ont-elles également évolué à Cannes ?
Oui, il y a eu une augmentation des effectifs, ne serait-ce que par l’armée, qui est venue compléter la surveillance quotidienne de la police municipale. Depuis la nouvelle municipalité, la police surveille les sorties d’école, de collèges et de lycées, non pas seulement pour prévenir les attentats mais plutôt pour gérer les élèves qui sortent et les parents en voiture, pas toujours très prudents. Devant l’institut Stanislas, un opposant au plan vigipirate a menacé de venir « kalacher » si le plan en question n’était pas retiré. L’enquête est en cours. Tout ce que j’en sais, c’est qu’il y a des faits d’imitation. Il y a des déséquilibrés qui voient les scènes à la télévision et qui passent plus ou moins à l’acte. C’est avant tout destiné à faire peur. Un autre incident a eu lieu il y a quelques jours à Stanislas, un homme est venu récupérer un enfant qui n’était pas le sien. On l’a identifié rapidement grâce aux caméras de surveillance. Finalement il y a eu des explications. Mais sans les caméras de surveillance et l’identification, il y aurait eu une appréhension de tous les parents en pensant qu’un pédophile se promenait. Même si on n’a pas affaire à des voyous, on a une réponse. C’est avant tout de la prévention. Bien qu’avec la prévention, il faut qu’il y ait sanction.
Les caméras de surveillance, c’est quelque chose de vraiment efficace ?
Oui c’est efficace. Il y a quelques décennies, pour sécuriser un quartier, on mettait de la lumière. Aujourd’hui, c’est la caméra. D’une part, ça rassure les gens. Et d’autre part ça permet une intervention rapide. On peut conserver les enregistrements des caméras pendant 30 jours.
Les nouvelles mesures ne risquent-elles pas de créer une certaine psychose ?
C’est plutôt le contraire. Voir des forces de l’ordre en activité, des militaires devant les lieux de culte, ça va rassurer la population.
La peur ne vient-elle pas aussi des nouvelles formes de terrorisme ?
Si, certainement. J’étais à Paris et quand vous prenez le métro, deux ou trois fois par jour il y a des alertes aux bagages abandonnés. Forcément, ça impose aux gens une certaine discipline, une certaine surveillance. A Cannes, il y 260 agents de la police municipale. J’aimerais pouvoir vous dire qu’en plus, il y a 60 000 Cannois qui sont centrés sur la sécurité. On parle des incivilités, c’est ça aussi la sécurité. C’est toute une éducation qui doit être faite. Prenez les « voisins vigilants » dans certains quartiers. Ce sont des initiatives qui font qu’on essaye de responsabiliser un peu tout le monde. C’est important de le faire comprendre aux citoyens. Ca passe par l’enseignement et l’information.

« De nouvelles mesures devraient être prises en marge du Festival de Cannes » (Crédit photo : Paul-Arnaud Boudou).
Cannes accueille de nombreuses manifestations. Est-ce que cela fait d’elle une ville plus sujette au terrorisme ?
On peut craindre lors de ces évènements des actes terroristes. Le problème, c’est que ce sont des gens qui n’ont pas peur de mourir, ils peuvent se faire exploser au milieu de la population, ce qui fait des dégâts considérables. Mais on va analyser les faits passés pour limiter les risques. Parce que c’est la mort de Cannes si on ne peut plus faire de manifestations. Pour le Festival du film, on va certainement développer les moyens de surveillance, il y aura un accroissement des forces de l’ordre et même sûrement l’armée et des CRS si on reste dans cet état là.
Vous ne craignez pas que cela influe sur l’atmosphère du Festival ?
Non, il y a toujours eu des forces de l’ordre qui se promènent et les gens n’ont pas peur pour autant. Jusqu’à présent c’était avant tout des casses. Aujourd’hui le terrorisme. Mais si vous avez peur, vous ne faites plus rien.
Tom Ferrero
Emmanuel Durget