Quels espoirs pour les mouvements anti-austérité?

Bruxelles et Athènes ont trouvé un accord sur le plan d’aide grec. Mais les réformes reviennent sur les promesses de campagne de Syriza. S’agit-il d’une fatalité pour les partis anti-austérité ? Analyse.

C’était un anniversaire un peu spécial. Un mois après son élection à la tête du gouvernement grec, Alexis Tsipras présentait, mardi 24 février, une liste de réformes satisfaisantes pour Bruxelles. Malheureusement pour le Premier ministre, pas de célébration, l’heure était plutôt aux controverses.

« Des réformes sociales d’ampleur », avait promis le dirigeant grec pendant sa campagne très marquée à gauche. Mais dans sa lettre adressée à Bruxelles, elles sont peu nombreuses. L’augmentation du salaire minimum et l’accès à l’électricité des ménages les plus modestes devront attendre. Face au « trio institutionnel » – Commission européenne, Banque centrale européenne et Fond monétaire international – Tsipras n’avait en fait qu’une faible marge de manœuvre.

Une cohésion difficile

Syriza n’est pas le seul parti à être remis en question. Si la poussée anti-austérité a provoqué l’enthousiasme en Europe, ces mouvements sont aujourd’hui compromis.

En Espagne, les dirigeants de Podemos doivent répondre aux accusations de fraude fiscale qui pèsent sur eux. Une bien mauvaise image pour un parti de gauche, qui crée des dissensions dans ses rangs.

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Pablo Iglesia, leader de Podemos. Le parti a du mal à s’unifier, secoué par des scandales financiers. (crédit photo : rokambol.com)

Podemos peine à s’unifier. Les désaccords grandissants empêchent une réelle cohésion, un peu comme si l’idée s’était perdue en chemin. Des jeunes, enthousiastes, continuent à scander le fameux « Si! Se puede ! » (« Oui ! c’est possible ! »). L’avenir dira s’ils ont raison.

L’alliance anti-austérité irlandaise est beaucoup moins médiatisée que Podemos. Pourtant elle s’inscrit dans la même dynamique : celle du changement. Son leader, Paul Murphy, grand vainqueur des législatives, rêvait d’inscrire son parti dans la foulée de ses homologues espagnols et grecs. La croissance du pays repart, malgré les années d’austérité. L’Irlande s’est sortie de la tutelle de la Troïka en 2013, mais elle en garde des séquelles importantes. Et dans les médias européens, c’est silence radio. Difficile de trouver trace d’une réelle influence du parti.

Les partis anti-austérité fédèrent, c’est une certitude. Cette mobilisation est forte, elle doit faire en sorte que l’Europe se remette en question. Mais il faut reconnaître qu’à l’heure actuelle, les partis qui les dirigent n’ont pas eu l’influence suffisante pour changer la situation. Tsipras en particulier, en ne respectant pas ses promesses de campagne, devra répondre de ce changement devant son peuple. Le manque d’influence ne veut pas dire que ces espoirs sont vains. Peut-être ont-ils besoin de plus de maturité : dans le cas grec et à l’échelle européenne, tout n’est pas encore joué.

Matthias Somm