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Crise grecque : la liberté de la presse mise à mal
La Grèce est classée 99ème sur cent quatre-vingt au classement de la liberté de la presse publié par Reporters Sans Frontières. Cette place peu flatteuse résulte d’une dégradation progressive de la situation de la presse au cours des dernières années. Le futur de la liberté de la presse en Grèce, suspendu à une sortie de crise, est aujourd’hui incertain.
Si l’histoire antique de la Grèce est étroitement liée à la naissance de la démocratie, et donc de la liberté d’expression, son actualité récente illustre plutôt un scénario catastrophe aux yeux de l’Europe. La crise économique amorcée en 2008 et ses conséquences politiques constituent un tournant majeur de la situation. Le temps d’Hérodote, historien antique et précurseur lointain du journalisme, est visiblement bien révolu.
La popularité croissante d’Aube dorée (parti d’extrême droite), favorisée par la précarité d’une part importante de la population constitue un frein à la liberté d’expression. Les agressions d’immigrés, d’opposants et de journalistes se sont en effet multipliées. Depuis peu, les victoires électorales de Syriza (extrême gauche) mettent en lumière une nouvelle dynamique. En plébiscitant ce parti, les Grecs ont choisi la voie de l’opposition aux institutions de l’Union Européenne.

Des manifestants devant le parlement grec lors du vote des lois anti-austérité. Crédit : Louisa Gouliamaki AFP
Le groupe audiovisuel public Grec, l’ERT, a été fermé en 2013, le gouvernement Samaras arguant de la pression financière de la troïka (formé de la Commission Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du Fonds Monétaire International). Internet et les réseaux sociaux soulèvent cependant depuis 2008 des espoirs de modèles alternatifs et de journalismes citoyens. Mais les projets qui en résultent doivent composer avec l’article 14 de la Constitution grecque. Ce dernier assure la liberté de la presse mais émet des réserves quant aux attaques portées envers la religion, le chef de l’état, l’armée et la « pudeur publique ».
Une situation en apparence paradoxale vue de France, qu’il s’agira d’éclairer tout au long de la semaine par différents articles et contenus multimédias renseignant ces différents aspects.
Loïc Masson
César Prieto
Crédit image vignette : Reporters Sans Frontières