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Liberté de la presse : le rêve paradoxal du Liban
Le Liban passe pour le bon élève du Moyen-Orient : il est le seul pays de la région dont la Constitution garantit la liberté d’expression des journalistes. Pourtant, les différents médias ne sont souvent que les porte-voix des dix-huit confessions religieuses officielles et des partis politiques. Entre liberté d’information et désinformation, la limite n’est-elle pas parfois franchie ?
Schizophrénique, c’est ainsi que l’on pourrait définir le rapport que le Liban entretient avec la presse. Ce pays est un modèle pour la liberté et la pluralité de la presse au Moyen-Orient. Pourtant très peu nombreux sont les médias libanais réellement indépendants. Beaucoup sont affiliés à des partis politiques ou à des communautés religieuses. La plupart, tout particulièrement la presse écrite, doit avoir l’autorisation de l’État pour pouvoir exister.
La désinformation est chose courante dans ce pays. Mais comme des informations contradictoires peuvent être publiées par différents médias une vérité bien plus riche et complète que celle à laquelle nos médias occidentaux nous habituent peut émerger. Parallèlement, une volonté d’indépendance de plus en plus forte de la part de la presse, notamment sur Internet avec de jeunes blogueurs et journalistes, se fait sentir.
Cette émancipation des médias vis à vis des partis politiques est d’autant plus compliquée que les journalistes n’ont pas de véritable statut au Liban. Il n’y a pas de carte de presse et les conditions juridiques d’exercice de la profession sont floues.La protection des journalistes est limitée malgré quelques associations de défense. Ils en auraient besoin car les menaces et pressions sont nombreuses et graves. Des journalistes sont régulièrement assassinés au Liban. Si la liberté d’expression est reconnue, il est parfois impossible de fournir un travail journalistique de qualité. Entre fortes traditions, contraintes économiques et montée des fondamentalismes religieux, l’exercice du journalisme devient de plus en plus complexe. Il suffit de citer les difficultés rencontrées par les femmes journalistes, nombreuses au Liban, pour se rendre compte de l’étendue du problème. En outre, certains sujets restent tabous comme la guerre civile ou les relations du pays avec Israël.
La situation de la presse au Liban est donc paradoxale. À mi-chemin entre vérité et désinformation, entre orient et occident, entre modernité et tradition. Le Liban montre l’exemple au Moyen-Orient tout en se cherchant encore lui-même.
Antoine Lahier
Antoine Coste D’ombre
Mathias Hubert
Raphaëlle Daloz
Erwan Schiex
Carmen Joukhadar