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Le cadeau de Corbeil-Essonnes à Serge Dassault
À Corbeil-Essonnes, Serge Dassault continue d’écrire son histoire. Le Conseil municipal lui a offert une avenue à son nom pour ses 90 ans.

Serge Dassault (à gauche sur la photo) vient de recevoir en cadeau de la municipalité de Corbeil-Essonnes une avenue à son nom. Celle-ci remplacera une partie du boulevard Jean Jaurès. (Crédit photo : AFP /Bertrand Langlois)
C’est un beau cadeau d’anniversaire que le conseil municipal de Corbeil-Essonnes a fait à son ancien maire et sénateur, Serge Dassault. Lundi soir, sur une proposition de l’actuel maire de la ville et bras droit de l’industriel français, Jean-Pierre Bechter, le Conseil municipal a adopté une délibération qui rebaptiserait une partie du boulevard Jean Jaurès en Avenue Serge Dassault, de même qu’une voie en construction à la Montagne des glaises. Le nom de Roger Combrisson a également été choisi pour remplacer le nom d’une autre voie. Né en 1922 et décédé en 2008, il fut maire PCF de la commune de 1959 à 1992.
« Papy gâté«
Cette délibération a été votée (sauf par l’opposition) afin de « rendre hommage » à l’ancien maire de la ville de 1995 à 2008, qui a « contribué à façonner le caractère propre et l’identité » de Corbeil-Essonnes et a « marqué d’une empreinte indélébile » l’histoire de la commune, tant par « la longévité » de son mandat que par « l’exceptionnelle richesse » de son bilan. Plusieurs lieux symboliques de la commune seront donc domiciliés Avenue Serge Dassault. C’est le cas du lycée Robert Doisneau ou de l’Hôpital sud-francilien. Considéré comme son bras droit, l’actuel maire de la ville, Jean-Pierre Bechter, est à l’origine de cette délibération. Un joli cadeau pour l’industriel qui a fêté ses 90 printemps le samedi 4 avril.

On baptise généralement les voies publiques du nom de grands hommes après leur mort. A Corbeil-Essonnes, Serge Dassault est déjà un grand homme, de son vivant. (Crédit Photo : Grégoire Bosc-Bierne)
« Papy galère »
Comme le rappelle Libération, le milliardaire français et quatrième fortune du pays est toujours sous le coup de plusieurs affaires judiciaires. En avril dernier, suite à des révélations de Mediapart, une information judiciaire avait été ouverte par le parquet de Paris, à l’issue de laquelle Serge Dassault avait été mis en examen pour « achat de votes », « complicité de financement illicite de campagne électorale » et « financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé ». L’enquête porte principalement sur les conditions de son élection à la mairie de Corbeil-Essonnes en 2008, ainsi que sur celles de son successeur Jean-Pierre Bechter, en 2009 puis 2010. La campagne de Cristela de Oliveira, soutenue par Serge Dassault et battue lors des élections législatives de 2012, est également visée par l’enquête.
Le site Mediapart a diffusé et remis à la police des enregistrements réalisés clandestinement dans le bureau municipal de Serge Dassault en 2012. On peut y entendre l’intéressé faire l’aveu de dons occultes : « Là, je ne peux plus rien donner. Je ne peux plus rien sortir, c’est interdit. Je suis surveillé par la police. (…) Si c’est mal réparti, ce n’est pas de ma faute. Je ne vais pas payer deux fois. Moi, j’ai tout payé, donc je ne donne plus un sou à qui que ce soit ». Le nonagénaire est également visé par une enquête pour tentative de meurtre. Avoir son nom sur une avenue peut coûter cher en avocats.
Grégoire Bosc-Bierne