Au nom de la laïcité, du porc pour tout le monde ?

À Chalon-sur-Saône, le maire de la ville a annoncé lundi 16 mars la suppression des menus sans porc à la cantine, dès la prochaine rentrée scolaire.

Les menus de substitution seront supprimés dans les cantines de Chalon-sur-Saône. Dans la commune, la nouvelle a surpris. Cela faisait 31 ans que les cantines proposaient des menus de substitution dans la commune, à partir du moment où le menu principal contenait du porc. Le maire de la ville, Gilles Platret, explique son choix : « loffre de restauration ne peut pas prendre en compte des considérations religieuses. Proposer un menu de substitution dès lors que du porc est servi, cest opérer une discrimination entre les enfants, ce qui ne peut être accepté dans le cadre dune République laïque ». Devant l’incompréhension des parents des 3 800 élèves de la ville, Gilles Platret leur a envoyé un courrier en accompagnement du formulaire d’inscription aux cantines municipales ; une mesure prévue pour la rentrée de septembre 2015. Dans plusieurs communes des départements de la Sarthe, de la Gironde ou encore de l’Oise, certains maires ont d’ores et déjà supprimé tous les menus de substitution au nom de la laïcité.

Avec la suppression des menus de substitution, manger du porc deviendra obligatoire. Crédit photo : D.R.

Avec la suppression des menus de substitution, manger du porc deviendra obligatoire. Crédit photo : D.R.

Une prise en otage des enfants

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation, a condamné la décision de Gilles Platret : « Évidemment que je condamne et que je regrette cette décision […] pour une raison très simple, au fond il s’agit de prendre en otage les enfants ». Alors que le Parlement a récemment adopté « un droit à la cantine pour tous », la ministre a déclaré : « supprimer la possibilité d’avoir un menu non confessionnel, je trouve que c’est une façon, en réalité, d’interdire l’accès de la cantine à certains enfants ». La députée PS de Saône-et-Loire, Cécile Untermaier, s’est dite « consternée et inquiète que de telles actions puissent être portées par des autorités municipales auxquelles il revient normalement de tout faire pour le bien vivre ensemble ». Du côté des parents d’élèves, Eric Violette, président de la FCPE de Saône-et-Loire, a évoqué une position qui choque : « pour nous, la laïcité, c’est le respect de l’autre. Du porc est servi une à deux fois par mois donc on aurait pu trouver une solution ». L’Observatoire de la laïcité a souligné que « si aucune obligation ne contraint la commune dans le cadre d’un service facultatif, […] la laïcité ne saurait être invoquée pour refuser la diversité de menus ».

Enora Le Notre