Conflit ukrainien #1 : le long chemin vers l’accession à l’UE

Le 7 mai 2009 est inauguré à Prague, capitale de la République Tchèque, le Partenariat oriental de l’Union européenne. Mis en place par la Pologne et la Suède, il s’agit d’un accord d’association entre l’Union européenne et les six anciennes républiques soviétiques suivantes : l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Moldavie, l’Ukraine et la Biélorussie.

En jaune, les six pays censés signer l’accord. Crédit Photo : eeas.europa.eu

En jaune, les six pays censés signer l’accord. Crédit Photo : eeas.europa.eu

Même si l’association n’est pas synonyme d’adhésion, cet accord a pour but de rapprocher ces pays de l’Union européenne en renforçant leurs liens politiques, économiques et culturels. Par exemple, ce partenariat entraînerait la création d’une zone de libre échange dans les six pays concernés. Une mesure qui, à terme, laisse l’espoir à ces anciens territoires soviétiques d’intégrer « la zone des 28 ». L’ambition d’intégration à l’Union européenne n’est pas récente. L’Ukraine a conclu son premier accord de partenariat et de coopération en 1994, lequel devait être remplacé par celui de 2013.

 

Le changement de cap du capitaine Ianoukovitch

Alors qu’une majorité de la population ukrainienne est favorable à ce partenariat, le président Viktor Ianoukovitch va finalement décider de ne pas donner suite à ce projet. Suite à des menaces publiques du Kremlin, il refuse au dernier moment de parapher cet accord d’association.

Le principal artisan de cette décision n’est autre que Vladimir Poutine. Le président russe s’oppose fermement au rattachement à l’Union européenne des anciens satellites de l’URSS. Un choix purement stratégique, puisque ce dernier espère former une Union douanière eurasienne d’ici 2015. Outre les intérêts économiques, le rapprochement de l’Ukraine vers l’Union européenne, ancien « bloc de l’ouest », serait symboliquement une lourde défaite pour le président russe…

Crédit Photo : Reuters / Serguei KARPUKHIN

Crédit Photo : Reuters / Serguei KARPUKHIN

Le chef d’état russe ne connaîtra pas beaucoup de difficultés à rallier Ianoukovitch à son camp. Il promet à l’Ukraine, berceau historique de la Russie Orthodoxe, de constituer un élément clé de cette union. Le Kremlin s’engage en contrepartie à acheter 15 milliards de dollars d’obligations émises par l’état ukrainien, ainsi que de baisser d’un tiers le tarif de ces livraisons de gaz à l’Ukraine.

Une situation qui reflète la faible unité de la population ukrainienne

Selon un sondage de 2008, 44.7% des Ukrainiens interrogés se sont dits favorables à l’adhésion de leur pays à l’UE, tandis que 35.2% se sont opposés à cette décision. Une majorité de pro-européens, certes, mais il est impossible de faire abstraction de ce tiers d’Ukrainiens s’élevant contre ce projet. Cette frange de la population se retrouve principalement dans l’est du pays, à la frontière russe où l’on retrouve les villes de Doniestk et de Kharkiv notamment.

Est représentée en rose la partie russophone de l’Ukraine, et à l’ouest la population ukrainophone, en bleu. Crédit Photo : BFMTV

Est représentée en rose la partie russophone de l’Ukraine, et à l’ouest la population ukrainophone, en bleu. Crédit Photo : BFMTV

Cette « Ukraine orientale » est majoritairement pro-russe et pro-Ianoukovitch, à l’inverse de l’ouest du pays où se trouve la capitale Kiev et des populations davantage ukrainophones et pro-européennes. Une opposition « nationaliste » au sein d’un même territoire, synonyme de point de départ du conflit actuel.

Sacha Zylinski