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Contre la prostitution : le bilan du modèle suédois
La proposition de loi rejetée par les députés français le mois dernier s’inspirait d’une loi suédoise.
La proposition de loi initiée par Maud Olivier (PS) prévoyait 1500 euros d’amende et un stage de sensibilisation au métier de la rue pour les clients de prostitution. Des mesures qui auraient scellé la position abolitionniste de la France considérant la femme prostituée comme victime plutôt que coupable. La Suède a adopté le même texte il y a seize ans, nous permettant d’examiner les résultats de cette initiative.
Le modèle suédois en quelques chiffres
La loi de pénalisation des clients suédois est officiellement entrée en vigueur le 1er janvier 1999. Ce texte les condamne à payer une amende qui est calculée en fonction des revenus ou à une peine d’emprisonnement d’un an.

Infographie. Les prostituées ont quitté les rues pour se vendre sur internet. (Crédit : Thibault Cordier )
Seize ans plus tard, on estime qu’environ 2000 Suédois ont commis des infractions en ayant des rapports sexuels tarifés. Parmi ces clients, 590 ont finalement fait l’objet de poursuites qui ont abouti à une amende ou à un non-lieu.
Dans les années 70, la Suède comptait 3000 travailleuses du sexe et 500 maisons de prostitution camouflées en sex clubs, salons de massage et studios de mannequins.
Il n’y a aujourd’hui officiellement plus que 1000 prostituées dans le pays. Si la loi a vidé les rues de ces femmes, celles-ci se sont retranchées sur le web ce qui rend plus difficile les recensements. La moitié des prostituées sont des immigrées (Estonie, Pologne, Roumanie, Russie, Bulgarie, Thaïlande, Nigeria) les autres sont Suédoises.
Selon deux sondages comparatifs, le nombre de clients a diminué. En 1996, 13,6% des hommes achetaient des services sexuels. En 2008, ce nombre avait chuté à 7,9%.
Si la loi semble fonctionner, certains pensent que l’Etat a simplement déplacé le problème vers les pays voisins. Le projet de loi français a soulevé les débats mais s’est vu retoqué par l’Assemblée nationale et le délit de racolage rétabli.
Thibault Cordier et Paul-Arnaud Boudou