
Étiquettes
Face aux excès, les arbitres disent stop !
Le verdict est tombé pour Zlatan Ibrahimovic et Dimitri Payet. La Commission de discipline a décidé de les suspendre respectivement de quatre et deux matchs suite à des propos injurieux à l’encontre d’arbitres (ces peines ont été par la suite réduites à 3 matches pour Ibrahimovic, 1 pour Payet). Des sanctions exemplaires, car dans le sillage des professionnels, les dérapages contre les arbitres explosent chez les amateurs.
Chaque année, la Direction Technique de l’Arbitrage recense officiellement plus de 400 dérapages à l’égard des arbitres. Le terme dérapage englobe tout comportement inadmissible, de l’insulte à l’agression physique, en passant par les bousculades ou les crachats. Cependant, le responsable du District rappelle que ce chiffre englobe seulement les dérapages qui ont été suivis d’un carton rouge ou d’un rapport. Grégory, arbitre des matchs amateurs dans les Alpes-Maritimes depuis plusieurs saisons, s’alarme de la situation actuelle et prône un retour à l’enseignement des vraies valeurs du football : « tous les arbitres amateurs en sont victimes au moins une fois. Dans le feu de l’action, les joueurs peuvent mal interpréter une décision et vite s’emporter ; oubliant que l’arbitre a lui aussi le droit à l’erreur, ou à défaut au respect. »

Scène courante des contestations des joueurs à chaque décision arbitrale. (Crédit photo : Le Figaro)
Malgré les apparences, ces quelques centaines d’agressions sur plusieurs milliers d’arbitres, constituent un phénomène qui n’a rien d’anodin. Les campagnes de sensibilisation menées par le District de la Côte d’Azur se multiplient afin d’alterner sanction et pédagogie mais rien à faire, la situation empire saison après saison. À en juger par leur ton nonchalant, les sportifs amateurs cannois ne semblent pas toujours se rendre compte de la portée de leur comportement. C’est le cas de Hakim, qui justifie ces excès de comportement en avançant que les responsables sont les principaux intéressés : « quand on joue au foot, la pression monte et à tout moment les nerfs peuvent lâcher, surtout si on juge que l’arbitrage a été moyen. Aucun joueur n’apprécie quand l’arbitre se trompe. » En réponse à cette augmentation des comportements irrespectueux, les arbitres ont décidé de réagir. En Aquitaine, un collectif d’arbitres en colère a décidé de faire grève durant le week-end du 28 et 29 mars 2015, reportant ainsi l’ensemble des rencontres prévues. Ce qu’ils réclament ? Simplement du respect, à la fois pour leur fonction et leur personne.
Des sanctions à renforcer
Grégory déplore le manque de sévérité des instances du football pour condamner ces comportements : « Les sanctions après un rapport sur un joueur peuvent être très variables dans le foot amateur, parce que les instances qui décident de la sanction ne sont pas sur place et ne connaissent donc pas les circonstances de l’incident. » Alors, du côté du District de la Côte d’Azur de la fédération de football, l’idée de Michel Platini évoquant la création d’un nouveau carton, de couleur blanche, reçoit un accueil plutôt favorable. Celui-ci est directement inspiré du rugby, où le carton jaune est synonyme d’exclusion temporaire de dix minutes. « Quand on voit dans d’autres sports collectifs, comme le rugby où les joueurs font deux fois la taille de l’arbitre, qu’il n’y a quasiment aucune discussion ou attroupement autour de l’arbitre à chaque coup de sifflet, alors on peut réfléchir à davantage d’autorité et de cartons sortis pour qu’enfin les joueurs de foot respectent à nouveau les arbitres. […] Il faut rééduquer les jeunes aux valeurs du respect. Dans ce cas, pourquoi pas le carton blanc. »
Delphine Toujas