Gros plan sur les New Yorkers
Publié par La rédaction le 28 juin 2015 dans Culture, Société |
Humans Of New York est un projet initié en 2010 par le photographe américain Brandon Stanton. Son appareil photo à la main, il parcourt depuis plusieurs années les rues new yorkaises et met à l’honneur ses habitants.
L’homme derrière l’appareil

Brandon Stanton. (Crédit Photo : DR)
Brandon Stanton travaillait dans la finance. Après avoir été licencié en 2010 de son poste à Chicago, il décide de se lancer corps et âme dans sa passion : la photographie. Comme il l’explique aux journalistes du Huffington post US : « Au lieu de mettre à jour mon CV et de partir à la recherche d’un emploi similaire, j’ai décidé d’oublier l’argent et d’aller vers ce que j’aime vraiment ». Aujourd’hui, le rêve de Brandon Stanton s’est concrétisé, son projet a petit à petit pris son envol : la page Facebook « Humans Of New York », où il poste quotidiennement ses clichés, compte plus de 10 millions d’abonnés et regroupe plus de 6 000 portraits.
« Quel est votre meilleur souvenir ? »
Chaque prise de vue est accompagnée d’une citation : un bout d’histoire personnelle que la personne photographiée accepte de confier à Brandon Stanton. Grâce à quelques questions comme « Quel est votre meilleur souvenir ? » ; « Quel est votre plus grand combat ces temps-ci ? » ou encore « Quel est votre objectif dans la vie? » l’autre, cet inconnu que nous croisons chaque jour sans le voir, devient tout à coup un de nos semblables. Brandon Stanton intrigue beaucoup sur la toile : « Comment arrive-t-il à baisser la garde de ces inconnus, qui se dévoilent devant l’objectif de son appareil de la manière dont on se confie à un ami ? ».

« Je lui ai dit : « Tu sais, ce sentiment que tu éprouves envers papa ? Et bien, je ressens la même chose. Pour une fille. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
L’autre, cet inconnu
Nous sommes plus de 7 milliards sur Terre, des millions dans les villes, des milliers dans les rues… Et pourtant notre voisin demeure souvent un inconnu. Nous nous croisons sur les trottoirs, nous nous côtoyons dans les transports, nous nous sourions dans les cafés… mais nous ne nous rencontrons pas. « HONY », c’est une rencontre, des retrouvailles entre deux amis qui se connaissent sans le savoir. Chacun reconnaît alors la singularité de l’autre, et la proximité qui existe sans que nous le sachions réellement : « HONY m’aide à réaliser que j’ai beaucoup à apprendre de chacun d’entre vous, mais également que j’ai moi aussi quelque chose à apporter. Finalement, nous sommes tous à la fois des élèves et des professeurs ». Les commentaires, parfois « likés » par plus de 20 000 personnes se rejoignent et se recoupent : « Vos posts me font réaliser que si nous prenions plus le temps de nous écouter, nous en saurions beaucoup plus sur le monde et sur nous-mêmes. Merci HONY pour toutes ces leçons de vie. »

« Il faut savoir pardonner.
– Qui avez vous le plus de mal à pardonner ?
– moi-même. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
Certaines personnes photographiées viennent lire les commentaires qu’inspirent leurs paroles et leur portrait, comme ce policier qui compte les jours avant la retraite : « Merci pour toutes ces agréables paroles. Pour ceux qui se posent la question, ce compte à rebours ne signifie pas que je suis résigné, mais j’ai simplement envie d’aller de l’avant, de vivre d’autres expériences qui n’impliquent pas une arme ou l’obligation de porter un gros blouson en plein été. Bien à vous. » Bien que dans les commentaires, beaucoup s’offusquent et abordent d’un œil critique la déclaration de l’officier, la majorité fait en effet preuve de tolérance et s’amuse de cette déclaration plutôt inattendue : « Mon fils avait 8 ans lorsqu’il m’a dit que le meilleur jour de sa vie serait celui où il prendrait sa retraite ! »

« 1027 jours, 1 heure et 44 minutes avant la retraite. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
On a sélectionné pour vous quelques-unes des photos de New Yorkers, accompagnées de leurs légendes :
« J’aurais aimé être quelqu’un à ce jour. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« Le moment le plus triste ? Comment suis-je supposé choisir entre perdre mes parents et voir mon ami mourir au Viêt Nam ? Je ne catégorise pas ce genre de choses. Écoute, une personne c’est comme une balle en caoutchouc faite d’élastiques. Nous avons tous des mauvais élastiques et des bons élastiques, et ils sont enveloppés tous ensemble. Et tu dois avoir deux sortes d’élastiques ou ta balle ne rebondira pas. Et il est inutile d’essayer de les démêler. Tu vois ce que je veux dire ? » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
Mon père a toujours voulu que je travaille dans un bureau et que je porte un costume. Mais il m’a toujours montré comment travailler avec mes mains. Et c’est ce que j’aime faire. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« – Quel est le souvenir le plus effrayant que vous ayez en tête ? – Quand j’ai réalisé que je devrais élever seule mon fils. Ça n’allait pas entre son père et moi. – On dirait que vous avez arrangé les choses avec lui ? – Non. La peur est seulement partie lorsque j’ai réalisé que je pouvais y arriver toute seule. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« J’ai des problèmes avec la société. Quel aspect de la société ? La totalité » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« Deux pigeons ont copulé sur mon épaule hier ! » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« Ça devient trop personnel » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« Au lieu de papas et de mamans, nous avions des conseillers. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« Je travaille de huit heures du matin à huit heures du soir. Mais j’ai une pause café. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« Je suis sûre que je serais moins jalouse si j’étais plus confiante. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« Quand j’ai dit à ma mère que j’allais en cure de désintoxication, elle allait prendre son vol pour sa réunion des anciens élèves. Je lui ai dit, « je suppose que tu ne vas pas t’étendre à mon sujet auprès de tes amis. » Elle m’a dit : « En fait, je n’ai jamais été aussi fière de toi. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« Nous divorçons car nous nous aimons, et que nous avons tous les deux réalisé que nous n’avons pas assez de ce dont l’autre a besoin. Quand nous avons pris cette décision, je lui ai écrit un mot avec toutes les choses que j’aime en elle, puis je lui ai donné. Ça l’a vraiment émue et elle s’est mise à pleurer. Puis, 3 jours plus tard, elle a fait la même chose. Seulement, elle l’a écrit sur un bout de papier recyclé, sur une publicité ou un truc du genre. Alors je lui ai crié dessus et elle m’a dit « J’étais certaine que tu ferais la remarque. Si cela comptait pour toi, le fait que ça soit écrit là dessus n’aurait pas d’importance. » Et j’ai dit : « Bien, si cela comptait pour toi, tu aurais pris un nouveau bout de papier. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« Ma famille m’a fait venir ici. Mais je déteste ça. Je ne trouve pas de travail parce que j’ai un accent très prononcé. J’étais assistante manager dans un grand magasin de bijoux en République Dominicaine. Ici, je nettoie des tables. Là-bas, nous avions une grande maison. Maintenant nous vivons dans un petit appartement. Si j’étais chez moi en ce moment même, je serais dans un bon restaurant sur la plage, à rire avec mes amis. Je ne serais pas assise sur un banc, à essayer d’apprendre l’anglais. Là-bas, j’étais une princesse. Ici, je suis une immigrée, une servante. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« Une des choses qui rend le théâtre magique, c’est qu’il rassemble plein de gens dans un lieu calme, et que chaque membre de l’audience peut voir que chacun réagit différemment à ce qui est dit sur scène. La personne assise à côté de vous rira à quelque chose dont vous n’auriez jamais pensé rire, et ainsi, vous aurez un aperçu des différentes façons de voir le monde. Aujourd’hui, malheureusement, trop de pièces sont moins nuancées. Elles vous délivrent une grosse dose de pensée à sens unique, dans l’espoir de rassembler dans le théâtre le maximum de gens similaires. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
Plus de sensation forte, plus de fête ni de petit ami ou même de mari pour moi. Je veux juste la paix. Je veux m’asseoir sur la plage, un Martini à la main. Non, pas un Martini, un verre de vin. Parce qu’en Espagne ils boivent du vin, et que je voudrais être là-bas. Je veux une maison sur la plage en Espagne où mes enfants viendraient pendant 2 semaines chaque été. (Crédit Photo : Brandon Stanton )
« Normalement, quand je prends un couple en photo, je demande ce que vous préférez en l’autre. » « La baise » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
« J’écris une pièce sur la nature de la vérité, et à quel point il est difficile de la trouver quand chacun parle une langue différente. Par exemple, le mot « terroriste » et le mot « combattant de la liberté » sont utilisés pour désigner les mêmes personnes au même moment. Il est presque impossible de se mettre d’accord sur ce qu’est la vérité. Et pourtant, croire en elle est la seule chose qui nous empêche de retomber dans une guerre tribale. Parce que si la vérité n’existe pas, la personne la plus puissante devient la personne qui a raison. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
À chaque fois que je trouve un travail, ils sont genre : « fait ça maintenant. » Et j’suis genre : « j’ai pas envie. » Et ils m’disent : « Tu dois le faire. C’est ton travail. » Et j’me dis : « Ah ouais. Merde. » (Crédit Photo : Brandon Stanton)
Eva Garcin
Découvrez le projet réalisé dans d’autres villes :
Paris, Munich, Sarajevo…
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