Pollution : le danger de l’invisible pour la Méditerranée

L’écosystème de la Méditerranée est menacé par des produits chimiques qui inquiètent défenseurs de la nature et consommateurs.

La faune marine est menacée par des produits toxiques (dessin : Tom Ferrero)

 Peintures, pesticides, détergents, la Méditerranée est contaminée. Des polluants toxiques et indétectables à l’œil nu mettent en danger la mer et nos assiettes. De quoi revoir à la baisse la consommation de produits de la mer pour certains : « Je mange de moins en moins de poissons et fais attention à ce que j’achète », confie Marie, mère de famille. Le rapport sur « La pollution de la Méditerranée », présenté en 2011 par le sénateur de l’Aude Roland Courteau, met en avant les études scientifiques qui y sont consacrées. Ces dernières ont « majoritairement porté sur les produits chimiques dont la toxicité a été relevée dès les années 1970 et dont beaucoup sont aujourd’hui interdits ». Directrice du Conseil Scientifique des Îles de Lérins, Françoise Loques met en garde contre les dangers de tels produits sur le milieu marin : ces contaminants, dont l’insecticide DTT, « sont très dangereux pour la chaîne alimentaire. Si un poisson mange un animal contaminé, il le sera à son tour. L’homme mange ce poisson. »

Des médicaments à la mer

« La pollution liée aux médicaments va devenir la pollution mondiale », alerte Françoise Loques. Parmi les polluants de la Méditerranée, Roland Courteau pointe du doigt les produits pharmaceutiques, des « pollutions émergentes », explique-t-il. « La Méditerranée apparaît […] plus fragile que l’océan. Elle constitue un espace clos dont les eaux se renouvellent en un siècle », précise le sénateur. Françoise Loques explique cette pollution par l’augmentation de la consommation des médicaments et le rejet de leurs résidus dans les eaux usées. Certains « arrivent dans la mer, ce qui a un impact sur la faune du littoral ».

Les médicaments entre les mailles des stations d’épuration

L’élimination des résidus médicamenteux par les stations d’épuration est partielle. Ces dernières n’ont pas été construites pour traiter les médicaments et sont aujourd’hui obsolètes. Parmi les plus résistants au traitement biologique le carbamazépine et les antidépresseurs, affirme l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques. Un constat d’autant plus inquiétant que la France est le quatrième consommateur mondial de médicaments. S’ajoute à cela une consommation d’antidépresseurs qui ne cesse d’augmenter.

Alice Gobaud

Sacha Zylinski