« Pas si difficile » de faire le ramadan pendant le bac

Pour la première fois depuis trente ans, le ramadan et l’examen du bac tombaient en même temps. Buzzles a rencontré deux lycéennes qui font le jeûne.

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Une famille irakienne devant son petit déjeuner, avant que le jour se lève. Crédit photo : Ali Abbas (EPA)

Cette année, personne n’échappera à la règle. Le ramadan aura lieu dans l’hexagone du 18 juin au 17 juillet. Une date qui coïncide plutôt bien avec l’échéance du baccalauréat, qui vient de s’achever le 23 juin dernier. Les musulmans le savent, il ne se sera pas possible d’y déroger, même si des examens importants se profilent.

Vendredi 19 juin. Il est 11h30 quand Amel, en terminale ES au lycée Charles de Gaulle à Vannes, nous reçoit. La future bachelière en vient rapidement à évoquer son jeûne. « Le ramadan a commencé hier. En fin de compte, pour le moment, ce n’est pas aussi difficile que je pensais », dit-elle, tout sourire. « Je fais le ramadan depuis 4 ans » poursuit-elle avant d’informer que ce quatrième pilier de l’islam, se fait à partir de « l’âge adulte » pour les femmes, c’est-à-dire la puberté. « Au début du jeûne, c’est un travail sur soi, le corps doit s’adapter au changement. C’est un peu comme Koh-Lanta », ironise-t-elle.

Au cours de la conversation, Amel, qui a choisi de ne pas paraître sur la photo de l’article, fait preuve de pédagogie et de recul. Elle se rappelle du repas d’hier soir : « riz et poisson, simplement. Vous savez, je mange même plus au moment du ramadan que d’habitude ». « Du coup, le bac n’influence pas ma manière de manger. Pendant les épreuves, j’amène quand même des petits gâteaux sur la table, mais je n’y touche pas ».

« Chaque année, le ramadan se décale de 10 jours. C’est un peu comme les chrétiens et pâques, les religions dépendent du calendrier lunaire », explique-t-elle. « Mais je préfère quand ça arrive en septembre dit-elle. Les journées sont plus courtes ».

« On s’habitue à la faim »

Camila, elle, est rodée pour ces journées de révisions de bac et d’examen. « En fait, déjà au collège, je m’entrainais à faire des demi-journées voire des journées de jeûne pour imiter les grands », exprime-t-elle. Alors que sur Twitter, déjà le premier jour du ramadan, les internautes tweetaient en masse des photos de nourriture pour « tenter les pratiquants », les deux jeunes femmes ne leur en tiennent pas rigueur. Selon Camila, qui passe son bac S dans le même lycée qu’Amel, « le ramadan est une fête de réunion, une ambiance telle qu’elle n’existe pas à un autre moment de l’année ».

« Comme Amel, je ne trouve pas que le contexte du bac change quelque chose, déclare Camila. Si ce n’est que c’est la météo qui ne nous facilite pas la tâche. L’été c’est dur, il fait chaud et les journées sont longues ». Si bien qu’au Maroc, pour faciliter le jeûne des musulmans, le pays ajoute 1h à sa montre pour le ramadan. Alors qu’ils dînent habituellement au coucher du soleil à 23h15, ils gagnent une heure pour manger plus tôt.

Pour le bac, donc, pas de protocoles particuliers, ni de changements. Camila, elle, s’organise dans ses repas et dans son sommeil : « Je mange à 22h, puis je vais me coucher. Je me réveille vers 3h30 puis je vais me rendormir pour me réveiller le lendemain matin pour passer mon épreuve de bac. Le temps passe même plus vite, parce que l’après-midi, j’essaye de faire une sieste pour me reposer et quand je me réveille le soir pointe son nez. Au final, on s’habitue à la faim ».

Un article du Monde rappelait que de plus en plus de musulmans français célèbrent le ramadan chaque année et que la pratique du jeûne avait progressé de plus de 15 % en 30 ans.

 Lucile Moy