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Les agriculteurs aussi sont écolos !
A quelques mois de la COP21 et en plein cœur du scandale de la ferme des 1000 vaches, les éleveurs de ruminants français de la CNE (Confédération nationale de l’élevage) en ont marre de passer pour des pollueurs.
Des banderoles « L’équilibre est dans le pré » plantées dans leurs champs depuis début juillet, c’est le moyen qu’ont trouvé les agriculteurs de la CNE pour interpeler le flux des vacanciers qui traversent leurs prairies bordant les nationales et les autoroutes de toute la France. L’objectif de cette campagne de la Vache verte : ouvrir le dialogue et laisser les éleveurs s’exprimer.

2000 banderoles « L’équilibre est dans le pré » ont été distribuées aux éleveurs. (Crédit photo : La Vache verte)
« Le changement climatique, l’environnement, ce sont des questions qui m’ont toujours tenues à coeur », assure Bruno Dufayet, éleveur dans le Cantal, près de Mauriac. Bruno possède une exploitation de 50 vaches Salers et de 60 hectares de prairies, il s’est installé en 1996. L’éleveur participe à la campagne de la Vache verte pour mettre en avant la contribution de son élevage à l’écologie et à la baisse du réchauffement climatique. « Ce que je veux expliquer aux gens, c’est que bien sûr mes vaches émettent du méthane, et bien sûr j’utilise des tracteurs qui rejettent du carbone, mais mes prairies et mes haies captent plus de carbone que j’en expulse », affirme Bruno Dufayet, qui a demandé un diagnostic sur l’impact environnemental de sa production. « Aucun autre secteur ne peut en dire autant », poursuit-il.
La ferme des 1000 vaches : une exception
Le but des éleveurs de la Vache verte est d’abord d’éliminer les préjugés, souvent alimentés par les médias et les « scandales » autour de l’agriculture industrielle. « Le problème aujourd’hui c’est que j’ai l’impression que les gens s’imaginent qu’on a tous des exploitations intensives, comme à la ferme des 1000 vaches », explique Jean-Pierre Fleury, président de la CNE.
Pour les éleveurs, il existe un réel problème de communication, beaucoup ressentent le besoin d’expliquer aux gens ce qu’ils font. « Les 1000 vaches, c’est très loin de moi alors je ne peux pas trop en parler, mais ce que je sais c’est que la ferme des 1000 vaches est une exception en France, ce n’est absolument pas représentatif de ce qu’on fait », poursuit Bruno Dufayet. « L’élevage ruminant comme on le pratique protège la biodiversité », affirme Jean-Pierre Fleury, « avec le respect des haies, des bocages, et des période de fauche notamment, notre agriculture contribue à préserver les sols », poursuit-il.
Et l’agriculture bio ?
Quand on lui parle engrais chimique, Bruno Dufayet est très clair : il travaille avec du fumier et n’utilise aucun de ce type d’engrais. Pourtant, son exploitation n’est pas biologique. « Le bio nécessite souvent un processus de reconversion long et coûteux », explique Jean-Pierre Fleury. « Je me suis souvent demandé si je devais passer en élevage bio », dit Bruno Dufayet, « mais pour l’instant il y a un vrai problème d’organisation dans ma filière et dans mon département », poursuit Bruno. « Je n’ai aucune garantie de rémunération, je ne sais même pas si je pourrai vendre mes vaches », explique-t-il.
Emilie Unternehr
Télécharger le « livre vert » de la campagne en cliquant Livre Vert.
Un sujet intéressant et d’actualité, avec une bonne approche.
Je relève néanmoins 2 points sur lesquels j’ai des avis différents.
Cet homme nous dit : » affirme Bruno Dufayet, qui a demandé un diagnostic sur l’impact environnemental de sa production. « Aucun autre secteur ne peut en dire autant », poursuit-il. »
Là, il ne semble pas informé que nombre d’entreprises du tertiaire notamment, mais aussi bien sûr les industries, ont fait réaliser de coûteux bilans carbone, dans le même but.
Le second concerne l’agriculture biologique. Il nous dit utiliser du fumier et pas d’engrais minéraux. C’est très bien, mais il serait dommage qu’il en aille autrement, du fait de la présence des animaux (donc de la matière première) et de la culture de prairies permanentes. En disant cela, « quelque part », comme on dit aujourd’hui, on se positionne clairement contre les engrais minéraux. Pour moi, c’est une hérésie, car tout vient d’un amalgame dans l’esprit de certains écologistes entre engrais et produits phytosanitaires. Ce qui bien sûr n’a rien à voir, et si l’on veut raisonnablement produire dans les régions où il n’y a pas d’élevage, et donc pas d’engrais organiques les engrais minéraux ont leur utilité.
Après évidemment reste la dose apportée, qui longtemps a été excessive, amenant les problèmes notamment de ruissellement des nitrates et la pollution des nappes phréatiques. Mais il faut bien comprendre que pour se développer la plante a besoin d’azote sous ses 3 formes (uréïque, ammoniacale et nitrique), de potassium et de phosphore, les fameux NPK inscrits sur les sacs d’engrais. Les engrais utilisés à bon escient si possible en complément des engrais organiques sont à même d’apporter ces seuls éléments au bon endroit et rapidement assimilables.
Il en va différemment pour les produits phytosanitaires qui eux relèvent souvent du domaine de l’apprenti sorcier en utilisant des molécules complexes, souvent des hormones de synthèse dont tous les effets ne sont pas connus. Mais là encore, il ne faut pas tout confondre. Ne traitez pas de pollueur un agriculteur qui utiliserait le soufre et le cuivre par exemple, et toujours dans des doses raisonnables.
Si vous n’êtes pas convaincue par mes propos, réfléchissez simplement sur quels types de produits se battent les grandes industries chimiques visant l’agriculture. Jamais sur les engrais, toujours sur les phytosanitaires et même maintenant sur la génétique .