Marthe Villalonga, magistrale dans La dernière leçon

Après plusieurs comédies dont De l’autre côté du lit, avec Dany Boon et Sophie Marceau, Pascale Pouzadoux se lance pour la première fois dans le cinéma dramatique en réalisant La dernière leçon. Buzzles a assisté à son avant-première à Strasbourg, le film sera en salles le 4 novembre prochain.

La dernière leçon, c’est l’histoire de Madeleine, interprétée par Marthe Villalonga, une grand-mère de 92 ans qui prend la décision de mourir tant qu’elle en a encore la force, tant qu’elle est encore debout. Mais l’annonce de ce choix à sa famille a l’effet d’une bombe. Sa fille, que joue Sandrine Bonnaire, compréhensive, et très attachée à sa mère, vit les dernières semaines de Madeleine à ses côtés. Mais son fils, interprété par Antoine Duléry, a beaucoup de mal à accepter son choix. C’est dans cette ambiance familiale compliquée que Madeleine tente de convaincre ses proches de comprendre sa décision et de l’accompagner jusqu’au bout.

A l’occasion d’une des premières présentations du film aux spectateurs, la réalisatrice Pascale Pouzadoux et l’actrice principale Marthe Villalonga étaient présentes à Strasbourg ce lundi 24 août.

Des spectateurs émus aux larmes, une standing ovation et des applaudissements de plusieurs minutes ont accueilli les deux femmes à la fin de la projection. « On vous a sans doute fait pleurer pendant ce film, mais vos applaudissements nous vont droit au cœur et maintenant c’est nous qui pleurons », s’amuse Marthe Villalonga, les larmes aux yeux.

A l’origine de ce film, le récit éponyme de Noëlle Châtelet, la sœur de Lionel Jospin, qui racontait la disparition de Mireille, leur mère. « J’ai lu ce livre il y a treize ans, il m’avait énormément touchée suite à des regrets que j’ai eu à la disparition d’un proche », raconte Pascale Pouzadoux. A l’époque la réalisatrice n’a pas obtenu les droits car l’auteur du livre estimait que la mort de sa mère était encore trop récente pour en faire un film. La réalisatrice a poursuivi son chemin dans la comédie, et dix ans après, l’idée de ce drame lui est revenue. L’histoire est donc librement inspirée du récit de Noëlle Châtelet mais les personnages ne sont pas les mêmes, la famille de Madeleine étant entièrement fictive.

Un hymne à la vie

Pascale Pouzadoux et Marthe Villalonga, très complices, s’accordent toutes les deux sur l’importance du combat pour mourir dans la dignité, incarné par le personnage de Madeleine, une femme qui descend dans la rue défendre ses idées, et militante jusqu’à ses derniers jours. « Nous sommes toutes les deux en faveur de la liberté de fin de vie », confirme la réalisatrice. « Moi j’aimerais mourir comme Madeleine, en bonne santé et sans souffrir, on devrait avoir le droit de faire ce que l’on veut avec notre corps ! », poursuit Marthe Villalonga. Ce film est donc l’occasion pour elles de braquer les projecteurs sur cette question, d’amener les spectateurs à y réfléchir : « Nous sommes des artistes, notre militantisme constitue à livrer un film et à le laisser vivre », estime la réalisatrice.

Malgré le poids du sujet, l’humour était bien au rendez-vous. « C’est avant tout un hymne à la vie », affirme la comédienne. Les deux femmes sont toutes les deux des habituées de la comédie, Pascale Pouzadoux avec des films comme La Croisière avec Line Renaud, et Marthe Villalonga que l’on ne présente plus, inoubliable dans le rôle de la mère pied-noire dans Un éléphant ça trompe énormément, en 1976. Elle était plus récemment dans Supercondriaque, sorti en 2014, ou encore dans la série télévisée Kaamelott, dans laquelle elle jouait la mamie du célèbre Perceval. A elles deux elles réussissent à rendre ce film émouvant, triste et drôle à la fois. A l’image de la recontre avec les spectateurs strasbourgeois, dans la bonne humeur et dans les larmes. Pascale Pouzadoux ne présente pas pour autant un film mielleux ou superficiel : « Je n’ai fait que des comédies donc j’ai osé pour la première fois être brute, et je voulais l’être entièrement », affirme-t-elle.

Marthe Villalonga et Pascale Pouzadoux ont présenté leur film en avant-première à Strasbourg (Crédit photo : Emilie Unternehr)

Marthe Villalonga et Pascale Pouzadoux ont présenté leur film en avant-première à Strasbourg (Crédit photo : Emilie Unternehr)

Exceptionnelle, Marthe Villalonga vous fera rire et pleurer dans la même scène, « vous êtes une grande dame », confirmera un spectateur dans la salle. La comédienne, qui, à 83 ans se déplace encore en province pour les avant-premières, assure être tombée amoureuse du film à la première lecture : « Quand j’ai lu le scénario je me suis dit ‘pourvu qu’on me donne le rôle !’ », s’amuse-t-elle, franche et directe, « un rôle pareil on ne peut pas passer à coté, ou alors on est barjot ! ». Marthe Villalonga assure s’être identifiée au personnage, mais sans s’emprisonner dans la peau de cette femme qui souhaite mourir :  « Je ne rentrais pas chez moi en gambergeant, une fois à la maison, je me libérais du film. »

Sur fond de chant traditionnel africain que fredonnait l’aide à domicile de Madeleine, interprétée par Sabine Pakora, La dernière leçon interpelle et touche chaque spectateur. Chacun d’entre nous connaît un proche qui a vécu l’expérience de la mort, de la souffrance, ou de la vieillesse, les spectateurs ne sortent pas indemnes de ce film qui fait beaucoup réfléchir. On sort de la séance en n’ayant qu’une idée en tête : appeler ses parents.

Emilie Unternehr