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L’humanité vue par Yann Arthus-Bertrand
Pendant près de trois ans, le photographe et documentariste Yann Arthus-Bertrand et son équipe ont parcouru 60 pays et interrogé plus de 2 000 femmes et hommes pour son ode à l’humain. « Human, le film » est sorti en salle le 12 septembre, mais n’est qu’une partie d’un projet de 11 œuvres vidéo.
Après Home sorti en 2009, ou Méditerranée, notre mer à tous, diffusé en 2014, le photographe et écologiste français Yann Arthus-Bertrand a décidé de se remettre au travail et de donner vie à un projet pour le moins ambitieux : montrer l’humanité dans sa diversité, sa splendeur, mais également dans ses vices et ses horreurs. Pour cela, trois années de tournage ont été nécessaires. Il a fallu presque un an au président de la fondation GoodPlanet pour sélectionner et monter les 2 500 heures de rushs.
Bande annonce officielle de Human :
Et avec autant de matière, il était probablement très difficile pour Yann Arthus-Bertrand de ne garder « que » trois heures dix. Le projet « Human » a donc été décliné en onze œuvres vidéos dont des contenus pour la télévision : « Human, l’œuvre audiovisuelle » (diffusé fin septembre sur France 2) ou « Sur les traces de Human » (également diffusé sur France 2 à la fin du mois de septembre), le cinéma ou encore le web (trois films de 1h30 chacun, des making of…).
Trois films sont déjà disponibles sur Internet
Depuis le 10 septembre, deux films ont été publiés sur la plate-forme de vidéo YouTube. Un troisième devra être mis en ligne dans les prochains jours. D’une durée d’une heure et demie chacun, ils sont disponibles gratuitement en six langues.
Ces trois métrages sont similaires au film destiné au cinéma, mélangeant histoires personnelles d’humains, filmés en gros plans sur fond noir et scènes aériennes de vies humaines. De ces Hommes qui se livrent à la caméra et au spectateur, on ne sait rien mais on devine tout. Ni leur âge, ni leur nom, ni leur origine ne sont inscrits à l’écran. Cependant, on lit et devine dans les visages, dans la moindre ride, la moindre cicatrice et le moindre regard ce que l’individu a traversé.
Le premier volet s’articule autour de quatre thèmes: l’amour, le féminisme, la pauvreté, et le travail. Le deuxième aborde les thèmes de la guerre, du pardon, de l’homosexualité, de la famille et de la vie après la mort. Certains témoignages nous glacent le sang, nous bouleversent. Comme cette femme narrant ses années où elle était battue, cette Africaine racontant comment son beau-père l’a violée alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, ou encore ce prisonnier américain, reconnu coupable du meurtre d’une femme et de son enfant, qui explique comment la mère et grand-mère de ses deux victimes lui ont tout pardonné et ont été capables d’amour envers lui.
D’autres témoignages nous donnent le sourire, nous redonnent confiance en l’Homme : des histoires de solidarité, de générosité et d’amour par dizaines : « Je suis depuis treize ans avec une femme, une femme merveilleuse. Nous sommes très différents, c’est en cela que l’on se complète. C’est mon autre moitié, féminine. Je peux vivre sans elle, mais sans elle, je ne peux pas être » explique un homme d’origine latine.
Les images aériennes, dont Yann Arthus-Bertrand a le secret, sont incroyablement belles et saisissantes. Périples, récoltes et marchés sont filmés avec une finesse incroyable. Une scène en particulier marque le spectateur à la fin du premier volet : on y voit plusieurs dizaines d’hommes travailler dans une décharge à ciel ouvert. Ils ne sont pas équipés pour et le travail est d’une précarité inimaginable : cette image est incroyable, effroyable et troublante.
Un projet qui nous touche au plus profond de nous-même
Les deux films déjà en ligne nous touchent et nous émeuvent. Yann Arthus-Bertrand et ses équipes réussissent parfaitement à mettre en lumière ces vies et ces destins, tous différents, qu’ils soient heureux ou tragiques. Sans jugement ni ethnocentrisme, avec le sens de l’esthétisme qu’on lui connaît, le réalisateur nous sort de notre confort et nous pousse face à nous-mêmes. Car avant nos différences de cultures, de couleurs de peau, d’emplois ou de richesses, nous sommes tous humains et nos vies ne sont pas si éloignées. Les sentiments, les émotions, les ressentis, les hauts et les bas que l’on connaît sont universels. C’est parce qu’il nous fait prendre conscience de cela que ce projet est réussi.
Le premier volet est déjà visible sur You Tube :
Cyrille Ardaud