Femmes opprimées : le cas de l’Arabie Saoudite

Publié par La rédaction le 24 septembre 2015 dans Société | Poster un commentaire

Partout dans le monde, des lois misogynes oppriment les femmes. En Arabie Saoudite, la gente féminine n’a pas le droit de conduire.

« Femmes au volant, mort au tournant. » En Arabie Saoudite, ce proverbe, lui-même quelque peu misogyne, n’a pas lieu d’être. Une fatwa (un avis juridique) interdit en effet aux femmes de conduire. Le royaume wahhabite demeure par ailleurs le dernier pays à interdire le volant aux femmes. Interviewée par Libération, Sara Al Haidar, professeure à Riyad explique qu’« il n’y a pas de lois qui l’interdisent, cependant les femmes ne peuvent pas passer le permis de conduire, et sans permis… il est interdit de prendre le volant. La police a déjà arrêté des femmes conductrices qui n’avaient pas de permis, certaines ont dû payer une amende, d’autres se sont retrouvées au poste. En revanche une Saoudienne qui passe son permis à l’étranger peut l’utiliser ici sans être arrêtée. » En effet, un accord inter-gouvernemental accorde le droit à un conducteur, quel que soit son sexe, détenant un permis de conduire délivré dans un pays du Golfe, à l’utiliser dans un autre pays du Golfe. En théorie, ces propos sont exacts. Dans la pratique, c’est autre chose. Le 3 mars 2014, la radio RFI relatait que deux Saoudiennes, Loujain Hathloul et Mayssaa Alamoudi, avaient été arrêtées à l’est du pays. Pourquoi ? Parce qu’elles avaient essayé de franchir la frontière depuis Dubaï au volant de leur véhicule. Pourtant, Loujain Hathloul a expliqué dans un tweet qu’elle détenait le permis de conduire.

En Arabie Saoudite, la gent féminine dispose de très peu de droits. (Crédit photo : lci.tf1.fr)

Des femmes opprimées, mais qui militent

L’Arabie Saoudite est un pays qui exerce un autoritarisme ostensible envers les femmes. Il leur faut par exemple l’autorisation d’un membre masculin de leur famille pour effectuer bon nombre d’actions de la vie quotidienne, comme travailler, voyager ou encore conduire. Mais la femme saoudienne gagne certaines batailles au fil du temps et des combats pour l’égalité. En 2011, le roi Abdallah leur a accordé le droit de vote et le droit de se présenter aux élections municipales. Cependant, cela ne prendra effet que cette année, en 2015, pour les prochaines élections. Les femmes auront également le droit d’accéder au Majlis al-Choura, le Conseil consultatif du royaume. Une autre victoire concerne leur capacité à se déplacer. En avril 2013, la Commission pour la promotion de la vertu et la prévention du vice d’Arabie Saoudite a accordé le droit aux femmes de faire du vélo. Un article de France TV info rapporte néanmoins que ce droit ne peut s’exercer que sous certaines conditions : il faut que les femmes soient vêtues avec pudeur, qu’elles aient un membre masculin de leur famille à proximité, qu’elles n’utilisent pas leur vélo pour aller faire les courses et enfin, qu’elles ne pédalent pas là où il peut y avoir « une forte affluence de passants hommes ». Quant à l’interdiction de conduire, les Saoudiennes militent régulièrement. Une mobilisation clandestine a été organisée en octobre 2014 avec le hashtag #IWillDriveMyself. En 1990, en 2011 et en 2013, des actions militantes avaient également été organisées, en vain…pour le moment.

« Il n’y a qu’un petit problème, j’ai besoin de voir votre permis de conduire. » Sur l’affiche au mur : « Oui mesdames, vous pouvez désormais voter. » (Crédit photo : Courrier International)

Lauriane Sandrini