Daniel Mermet : « L’avenir du journalisme est sur le net »

Le journaliste, animateur de l’émission Là-bas si j’y suis pendant près de vingt-cinq ans sur France Inter, était invité au Festival du livre de Mouans-Sartoux. Il y a tenu une conférence où il a évoqué les avantages du web pour le journalisme de demain. Depuis le 21 janvier, une version hebdomadaire de son émission est diffusée uniquement sur internet.

Une Mermet_ Retouchée

Le journaliste a donné son point de vue sur les médias d’aujourd’hui et de demain. Crédit Photo : Guillaume Soudat.

Daniel Mermet est arrivé à Mouans-Sartoux avec une affirmation : un autre journalisme est possible. C’est ce qu’il a défendu lors d’un entretien public, samedi 3 Octobre, dans la salle Léo-Lagrange. Il a profité des premières minutes du débat pour demander des explications à Marie-Louise Gourdon. Celle-ci aurait annulé la présence du journaliste du Monde diplomatique, Pierre Daum, après avoir lu son livre Le dernier tabou : les harkis restés en Algérie après l’Indépendance. En substance, la commissaire du Festival a répondu que la venue du journaliste, qui a minimisé le nombre de victimes harkies dans son ouvrage, aurait davantage suscité la polémique que le débat.

Le « carnage » Vincent Bolloré

L’ancien de France Inter, animateur de Là bas si j’y suis, a dressé un bilan des médias pour mieux proposer une solution. « On assiste à un contrôle de la plupart des médias par des grosses fortunes. Celui qui paie l’orchestre choisit la musique qui passe. » D’après Daniel Mermet, il y a deux manières de gérer les groupes de presse. Le « carnage », à la manière de Vincent Bolloré, le nouveau patron de Canal +, ou une autre bien plus dangereuse. « J’ai été précaire pendant trente-cinq ans à Radio France. Chaque été, j’avais peur d’être viré. » Et d’ajouter sur un constat : « La précarité mène à la docilité. » Cependant, Daniel Mermet n’oublie pas la responsabilité des lecteurs : « S’informer fatigue. C’est aussi le rôle du public d’approfondir. » D’après le conférencier, l’autre forme de journalisme passe par des médias de « niche » comme Médiapart et Le Monde diplomatique. « Ils sont les bulles d’oxygène de la société. Si elles manquent, la démocratie meurt. » Après l’avoir expérimenté avec Là bas si j’y suis, Mermet en est certain, « l’avenir est du côté du Net ». Tout en prévenant : « Ce n’est pas un refuge. »

Lucile Moy
Guillaume Soudat