La France, véritable terre d’Electronic Dance Music ? #1/3

Alors qu’approche la fin d’une année 2015 riche en émotion pour la scène electro française, quel bilan dresser de ces 12 mois de fête ?

De nombreux festivals d’electro ont eu lieu cette année en France. Tous se sont, dans l’ensemble, bien déroulés, présentant de nombreuses améliorations par rapport aux éditions précédentes. Mais encore trop de points négatifs viennent noircir le tableau des événements electro français. C’est le cas notamment de l’Electrobeach Music Festival de Port Bacarès, le plus gros festival d’Electronic Dance Music (EDM) de France en termes d’affluence et de programmation. En effet, l’EMF avait tout pour plaire sur le papier : les plus grandes stars internationales de l’EDM étaient présentes : Steve Angello, Tiestö, Axwell /\ Ingrosso, Armin Van Buuren pour ne citer qu’eux, et un cadre idyllique avec le paquebot Lydia en fond de toile. Mais certains d’entre eux ont décommandé au dernier moment (Shiba San et Robin Schultz). Il y a aussi eu beaucoup d’éléments indispensables à la qualité d’un festival qui ont parfois été négligés. A commencer par les deux scènes, qui présentaient un décor bien trop pauvre par rapport à ce qui se fait à l’étranger. Certains diront que l’EMF ne dispose pas du même budget que les autres festivals européens, mais en pratiquant des prix assez élevés (80 à 150 euros pour le pass standard 3 jours et jusqu’à 428 euros pour l’hébergement sur place), la question mérite d’être posée. Malgré ces quelques fausses notes, l’EMF reste un rendez-vous electro incontournable en Europe. Fabien Dori, rédacteur sur le blog spécialisé en musique électronique Guettapen, a participé à ce festival. Selon lui, l’EMF a un bel avenir : « l’EMF est un festival en pleine expansion. Il grossit d’année en année et il faut dire qu’il peut désormais concurrencer certains gros festivals européens, grâce à sa line-up (programmation) et au show offert. J’ai été plutôt surpris par ce festival, comme quoi la France a encore de belles ressources ! »

La Main Stage de l’EMF, pauvre en décoration, ne présentant que des écrans à leds et des échafaudages bien trop voyants. (Crédit photo : Foundyoumusic.com)

La Main Stage de l’EMF, pauvre en décoration, ne présentant que des écrans à leds et des échafaudages bien trop voyants. (Crédit photo : Foundyoumusic.com)

Un autre festival (à plus petite échelle comparé à l’EMF) a fait beaucoup parler de lui cette année, les Plages Electroniques de Cannes. Certes, l’événement a pris une autre dimension en 2015, en proposant deux scènes différentes et une line-up tech house à couper le souffle, mais malheureusement, l’organisation est passée complètement à côté. En effet, après la soirée du samedi 8 août (le plus gros jour du festival azuréen avec de nombreuses têtes d’affiche), les critiques ont déferlé sur les réseaux sociaux. A commencer par le nombre de portes d’entrée, insuffisant pour près de 18 000 festivaliers. Une attente qui, pour certains, aura duré plus de deux heures avant de pouvoir fouler le sable de la plage du Palais des Festivals. Autre point négatif, les stands de ravitaillement (nourriture, boissons softs et alcoolisées). Il n’y en avait que quatre (un seul concernait l’alimentation) pour 18 000 personnes. Le blog Goldfishingustavia.com, livre sa version sur cette chaude soirée du 8 août. Malgré les nombreuses critiques qu’ont essuyées les organisateurs de Panda Event, on retiendra la bonne ambiance, le bon son et la nouvelle scène, au cadre féérique sur le toit du Palais.

L’entrée bondée des Plages Electro sur le début de la célèbre Croisette, sous un soleil de plomb le samedi 8 août. (Crédit photo : L.B.)

L’entrée bondée des Plages Electro sur le début de la célèbre Croisette, sous un soleil de plomb le samedi 8 août. (Crédit photo : L.B.)

Le Positiv Festival de Marseille a lui aussi réalisé une belle progression, avec une grosse programmation, mélangeant différents styles. Trap, tech house, future house, rap français et bien d’autres, bref, le public avait le choix. Une organisation bien ficelée, avec des stands de prévention contre les drogues et de rechargement de mobiles, de nombreux foodtrucks et bars, et les horaires de passage des artistes respectés. Ce troisième Positiv Festival qui aura réuni près de 30 000 personnes sur les deux jours de fête, a été un véritable succès. C’est ce que confirme Antone, jeune festivalier de 20 ans ayant assisté aux deux jours du festival : « deux énormes soirées, surtout la deuxième, car il y avait beaucoup plus d’artistes. De la très bonne musique, des potes, qui plus est aux Docks des Suds, un endroit mythique pour faire la fête toute la nuit, le bon cocktail pour un bon festival. C’est sûr, l’année prochaine on me reverra là-bas ! »

Ces deux derniers festivals ne sont pas des festivals d’EDM, mais des festivals beaucoup plus underground, le seul vrai festival d’EDM proposant ce type de show étant l’EMF de Bacarès.

De manière générale, les plus gros festivals français de l’année ont été une réussite, même si des erreurs sont encore à corriger. Mais, à part l’EMF, aucun événement électro français ne peut rivaliser avec ce qui se fait outre-Atlantique et dans le reste de l’Europe. Une des raisons principales expliquant ce phénomène, c’est le problème de l’argent. Les prix d’entrée minimes des festivals français ne permettent pas aux organisateurs de disposer d’un gros budget pour faire venir des headliners (têtes d’affiche) régulièrement, mettre en place de gros décors de scènes. Ce facteur reste tout de même une bonne chose pour les festivaliers qui n’ont pas besoin de casser leur cochon en porcelaine pour assister à un bon week-end electro. Alors que choisir ? Faire une concession sur le show organisé, voir ses idoles une fois dans l’année et ne pas se ruiner, ou mettre un peu plus la main à la poche et ne pas à avoir à se déplacer très loin pour vivre un festival digne de ce nom ?

Tom Ferrero