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Le Stade de France, bastion contre l’horreur
Alors que l’Equipe de France de football s’imposait deux buts à zéro face à l’Allemagne, des attentats terroristes d’une ampleur inédite éclataient aux abords du Stade de France et dans Paris. Des scènes de panique ont été observées aux abords de l’enceinte à l’issue de la rencontre, tandis que des centaines de supporters se sont réfugiés sur la pelouse du stade.
Ce devait être une fête qui attendait les supporters français, ce vendredi soir. Ce fut une tragédie. Pour le premier match de sa tournée amicale, l’Equipe de France accueillait l’Allemagne, championne du monde en titre, au Stade de France.
Mais rapidement, le match a pris une tournure pesante, voire malsaine. Alors que la rencontre avait débuté depuis 16 minutes de jeu, une première grosse détonation s’est fait entendre aux abords du stade, également audible à la télévision. Puis une deuxième, quelques minutes plus tard. A ce moment précis, personne n’imagine ce qui est actuellement en train de se dérouler aux alentours de l’arène de Saint-Denis.
« Ça prenait le cœur »
Au contraire, les supporters des Bleus ont d’abord cru à des pétards éclatant en périphérie du stade (des images du match lors d’une des explosions sont disponibles ici), voire à des bombes agricoles, comme il en est régulièrement utilisé par les supporters de football. « On a cru qu’il s’agissait de gros pétards. Ces détonations, on ne savait pas vraiment ce que c’était. Je ne sais pas comment expliquer, on aurait dit des tirs, c’était super fort, ça m’a pris au cœur », témoigne Amandine, 20 ans, venue d’Isère avec son compagnon spécialement pour le match.
Peu avant la mi-temps, le président de la République, François Hollande, est exfiltré du Stade de France puis tient une réunion de crise, alors que la capitale est frappée par de nombreuses fusillades. Dans le même temps, un hélicoptère se met à survoler l’enceinte de Saint-Denis.

La sécurité était bien présente autour du stade. (Crédit photo : Reuters)
A quelques centaines de mètres, un kamikaze se faisait sauter avec une ceinture d’explosifs rue Jules-Rimet, à Saint-Denis. Deux autres explosions ont eu lieu : une dans la même rue, et une autre dans un MacDonald, à quelques pas de là. Un premier bilan fait état d’au moins 5 morts, 11 blessés graves et 30 blessés légers, selon l’AFP.
Dans les tribunes, les supporters commencent à être informés de ce qui se passe dehors. Certains tentent de quitter le stade, ils en sont empêchés par les forces de sécurité qui ont bouclé le périmètre. A la fin du match, plusieurs journalistes présents sur place font état de scènes surréalistes.

La pelouse du Stade de France noire de monde, après un mouvement de foule lors de l’évacuation du stade. (Crédit Photo : Eurosport.fr)
« Courrez-vite, on se fait attaquer »
Les mouvements de foule, de panique éclatent à la sortie du stade. Des supporters n’ont alors pas hésité à retourner dans les travées de l’arène, voire même à envahir la pelouse. « On n’a pas vu grand chose, simplement entendu deux détonations durant le match » commente Amandine. « Mais à la fin de la rencontre, on a marché cinq minutes pour rentrer à notre hôtel, et on a entendu des gens crier « Courrez vite, on se fait attaquer ! » Alors on a sprinté à l’intérieur du stade ».
Un Stade de France qui se transforme à ce moment-là en bastion contre l’horreur. Les images de TF1 montrent alors dans le même temps des joueurs français et allemands découvrir l’ampleur de la situation sur des écrans placés dans les couloirs menant aux vestiaires.
« Nous avons nous atterri dans les loges, pas sur la pelouse », poursuit Amandine. « La sécurité nous a dit qu’il y avait eu une attaque et que l’on devait rester dans le stade, avant de pouvoir nous laisser finalement sortir. »
Dehors, le calme revenant peu à peu, des supporters ont tout de même dû se présenter « mains en l’air » et se faire fouiller par la police. « On avait pris un hôtel pas loin du McDo où ont eu lieu les attentats suicides. En sortant du stade on a mis plus d’une heure à retourner à notre chambre à cause des CRS qui bloquaient le secteur… » confie Amandine.
Même problème pour Jules, jeune supporter tricolore. Plusieurs heures se sont écoulées entre le coup de sifflet final et son retour chez lui. Une soirée gravée à jamais dans sa mémoire qu’il accepte de nous raconter.
Les conférences de presse ont été annulées, et le RER B bloqué.
Loris Bavaro
Sacha Zylinski