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L’organisation Etat Islamique revendique les attaques de Paris
Suite aux attentats de la nuit du 13 novembre, Daesh a revendiqué l’attaque au matin, par le biais d’un communiqué en français. Le président de la République François Hollande avait confirmé quelques minutes plus tôt cette information face à la presse.
Le modus operandi ne laissait pas vraiment de place au doute cette nuit, quand les attaques se sont succédées dans Paris. Bonbonne de gaz avec des clous, ceintures d’explosifs, fusils d’assaut… Des procédés qui rappelaient aux douloureux souvenirs de 1995 et de l’attentat du RER B, ou plus récemment de l’attaque de Charlie Hebdo en janvier dernier. Pourtant, l’Etat Islamique a laissé passer la nuit avant d’explicitement revendiquer les attaques de ce 13 novembre. De longues heures pendant lesquelles Paris est resté haletant, tremblant, dans la peur qu’un nouvel assaut se profile.

Communiqué en arabe de l’Etat Islamique, revendiquant les attaques du 13 novembre (crédit photo : capture d’écran via @SimNasr)
Selon I-télé, les corps de 8 kamikazes auraient été retrouvés près des lieux où se sont déroulés les faits. Ce samedi matin, Daesh a semblé concéder dans un communiqué revendiquant l’attaque, que l’assaut avait bel et bien pris fin, confirmant le nombre de terroristes identifiés : « 8 frères portant des ceintures d’explosifs et des fusils d’assaut ont pris pour cible des endroit choisis minutieusement à l’avance au cœur de la capitale française »*.
François Hollande semblait également avancer ce matin face à la presse que tous les assaillants avaient été mis hors d’état de nuire, sans pour autant écarter définitivement la menace à laquelle la France fait face. Le président de la République a annoncé le renforcement des patrouilles de militaires dans le pays et a dénoncé « un acte d’une barbarie absolue » commis par « une armée terroriste, Daesh »
Trois lieux attaqués : quelles symboliques pour l’EI ?
- Le Stade de France : France-Allemagne, une grosse affiche du football mondial. Mais aussi la rencontre entre deux pays en tête de gondole de la lutte contre l’Etat Islamique. Avec les Etats-Unis, la France et l’Allemagne mènent la coalition contre le groupe en Irak et en Syrie. C’était donc une opportunité sans précédents pour Daesh de frapper un grand coup dans sa campagne de terreur. François Hollande, et sûrement d’autres personnalités publiques allemandes et françaises devaient se trouver dans les travées du Stade de France, et l’Etat Islamique a voulu prouver sa capacité à s’approcher au plus près de l’appareil d’Etat.
- Le 10ème et 11ème arrondissement : les deux quartiers parisiens sont plein à craquer en ce vendredi soir. Près de la place de la République et de Bastille, et aux alentours du Bataclan, les Parisiens affluent. Des étudiants viennent décompresser de leur semaine et boivent une bière aux terrasses des troquets, quand d’autres Parisiens déambulent dans les rues avant de rallier le concert de Eagles of Death Metal au Bataclan. Sans compter les nombreuses soirées en boite et dans les bars en l’honneur du vendredi 13. En résumé, l’est de la métropole est en ébullition. Et plus important encore, cette soirée symbolise le mode de vie occidental que rejette l’Etat Islamique : l’alcool et les fêtes, la musique, le football.
- Au Bataclan, le bilan est lourd. Il avait déjà était visé par des menaces depuis 2007. En 2011, Farouk Ben Abbes, membre du groupe islamiste « Jaish al-Islam », (l’Armée de l’islam, connue pour être la branche d’Al-Qaïda dans la Bande de Gaza) avait confié à la DCRI qu’il « avait un projet d’attentat contre le Bataclan ». Dans son communiqué ce matin, l’EI justifiait la prise pour cible de la salle de spectacle par ses termes : « Le Bataclan où étaient rassemblés des centaines d’idolâtres dans une fête de perversité ».
En février dernier, le groupe islamique avait fait parler de lui pour avoir réduit en cendres un nombre considérables d’instruments de musiques en Libye, considérés comme « l’objet du diable, détournant les croyants de Dieu ».

En Libye, le groupe Etat Islamique avait brûlé des instruments de musique en février dernier (crédit photo : D.R.)
Des attentats prévisibles
« Le pire est devant nous ». Marc Trevidic, le juge anti-terroriste, avait alerté l’opinion publique sur le danger à venir le mois dernier. David Thomson, journaliste à RFI, avait également émis les mêmes suspicions après l’attentat manqué à Toulon il y a quelques jours : « La France est dans une situation inédite. Les tentatives vont être de plus en plus régulières. Ce qui se profile, c’est un attentat d’ampleur en France ». Malgré ces signes avant-coureurs, rien n’a empêché l’horreur de ce 13 novembre. Et c’est sûrement l’une des raisons pour lesquelles François Hollande a décrété l’état d’urgence cette nuit.
Sarah Mélis
Antonin Deslandes
*La rédaction de Buzzles.org a choisi de ne pas diffuser l’intégralité de ce communiqué en français.