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[RDC15] La République avant la religion
Vendredi 4 décembre, la deuxième table ronde des Rencontres de Cannes-Débats s’articulait autour de cette question : « L’islam est-il soluble dans la liberté de conscience et la démocratie ? ». Roland Cayrol, qui a été directeur de l’institut de sondages CSA, la réalisatrice Nadia El Fani, ainsi que Farhad Khosrokhavar, sociologue, et Nordine Nabili, journaliste, ont confronté leurs points de vue sur la question.
Lumière, applaudissements, les intervenants s’installent sur la scène. Mais avant le débat, la discussion. Laurence Vanin, philosophe introduit la conférence par sa vision de l’islam mélangeant laïcité et république. Tout de suite le débat s’annonce houleux.
« Du côté de notre démocratie française, l’opinion évolue dans l’hostilité envers l’islam. », commence Roland Cayrol, « Avant les plus visés étaient les juifs. Aujourd’hui les mêmes stéréotypes sont reproduits envers les musulmans. ». Beaucoup de Français douteraient de la possibilité d’une intégration de l’Islam à la démocratie, doute renforcé par la présence de régimes totalitaires dans un certain nombre de pays de confession musulmane.
Devant ces propos, Nadia El Fani riposte, « Je trouve cela insultant pour les musulmans. Car ces peuples aspirent seulement a la liberté. C’est scandaleux qu’en occident on soit étonné que les peuples arabes se soulèvent pour la liberté. ». Le public s’échauffe, les applaudissements fusent d’une part, les huées montent de l’autre. Du point de vue de Nordine Nabili, l’Islam n’est pas une priorité pour les jeunes musulmans qu’il côtoie. Selon lui, ils seraient plus intéressés par leurs études, réussir leur vie que par la religion. Farhad Khosrokhavar approuve. Le sociologue pense que la majorité des jeunes qui se radicalisent n’ont aucune attache réelle avec la religion. « L’islam est devenue la religion des opprimés, la religion de la provocation. Les jeunes qui se radicalisent ne connaissent même pas les prières. ». Finalement, tous les invités s’accordent sur un point: la république doit passer avant la religion. On a le droit de ne pas aimer l’islam ou le communisme mais pas de ne pas aimer les musulmans. La laïcité c’est le respect des lois de la république avant la religion.
Enora Le Notre