Les jeunes Français face au reste du monde
Publié par La rédaction le 25 décembre 2015 dans Economie, Société |
En 2008, L’Express proposait une sorte de radioscopie de la jeunesse mondiale intitulée « Les jeunes face à leur avenir ». L’hebdomadaire avait réalisé un sondage mené en Europe, en Asie et en Amérique du Nord auprès de 20 000 personnes, ayant entre 16 et 29 ans. Le résultat a été sans appel. La France obtenait la palme de la jeunesse la plus déprimée du monde. Sept ans après ces travaux, qu’en est-il ?
Dans un contexte de mondialisation où l’interdépendance des pays est plus que jamais à son paroxysme, la hiérarchie internationale est-elle toujours la même ? Voici le point de départ de cette enquête qui vise à mieux comprendre la jeunesse mondiale en 2015.
L’infographie a été réalisée sur la base de travaux de recherche du site www.kairosfuture.com en 2014. Réalisée auprès de 6500 jeunes de 16 à 29 ans répartis dans onze pays, l’étude s’est intéressée à la manière dont les jeunes analysent leur avenir personnel et celui de leur pays.

Une jeunesse mondiale très hétérogène quant à la perception de son avenir. Crédit : Sacha Zylinski
Découvrez les témoignages de jeunes issus de différents endroits du globe.
Alivia Chestnut, 22 ans, Atlanta, États-Unis. « Je suis très optimiste pour mon futur professionnel. La plupart des étudiants en université le sont aussi. Mais en revanche, ceux qui ne font pas d’études sont bien moins optimistes que ceux qui en font. Il y a une fracture entre les différents étudiants. Mais pour ceux qui se destinent à une profession qui nécessite des études, nous sommes tous persuadés que nous pouvons réussir. En général, nous avons confiance en le futur des États-Unis. Mais l’avenir dépendra en partie des prochaines élections présidentielles. Beaucoup de jeunes sont déçus des deux mandats d’Obama et ne sont pas vraiment rassurés au sujet de leur futur professionnel. »Crédit: Alivia Chestnut
Jack Ferguson, 21 ans, Canberra, Australie. « Je vois mon futur professionnel brillamment. Je me destine à travailler dans l’industrie médiatique. J’ai d’ailleurs récemment reçu deux offres d’emploi de la part d’entreprises que je voudrais intégrer. La plupart des jeunes Australiens sont assez optimistes pour leur futur, car on nous enseigne dès notre plus jeune âge que nous pouvons réussir dans ce qu’on envisage d’entreprendre Je pense que l’Australie aura un grand futur car nous sommes relativement un « jeune pays » comparativement au reste du monde.»Crédit: Jack Ferguson
Eeva Saleva, 20 ans, Stockholm, Suède. « Je suis vraiment optimiste pour mon futur professionnel. Je vis dans un pays où nous avons des universités de qualité, donc je sais que j’aurai une bonne formation. J’apprécie notre système social qui nous permet d’étudier longtemps grâce aux aides financières. Je me destine à étudier le business et l’économie. Il y a de nombreuses opportunités dans le pays et ces études me permettent d’avoir une carrière internationale, ce que je trouve fascinant. J’espère trouver un travail qui me permettra de mettre à profit ma créativité. En général, les jeunes de mon pays sont très optimistes. Depuis que l’Europe fait face à la crise et à la récession, les perspectives d’embauche sont bien évidemment moins nombreuses. Mais depuis quelques années, la situation du marché professionnel s’est améliorée dans le pays. C’est pourquoi les jeunes sont beaucoup plus optimistes pour leur futur qu’il y a cinq ans par exemple. Il y a une bonne qualité de vie dans le pays, et cela nous permet d’aborder notre avenir avec sérénité. »Crédit: Eeva Saleva
Mert Ünal, 20 ans, Istanbul, Turquie. « Jusqu’au lycée, tous les jeunes Turcs sont très optimistes pour leur avenir. Ils ont des projets, des rêves… Seulement, à 18 ans, l’état d’esprit change. Car ici, si tu ne viens pas d’une famille riche, tu peux faire une croix sur ton futur professionnel. Les gens s’intéressent seulement à ce que tu possèdes, à ta situation financière. Ta mentalité et tes projets importent peu. Je sais que d’autres pays ont ce même problème. Mais j’ai l’impression que réussir en Turquie, quand on n’a peu de moyens, est plus difficile que dans beaucoup d’autres pays. L’autre problème, c’est qu’à 18 ans, tu n’as pas beaucoup de choix. Soit tu étudies… soit tu étudies. Un Turc de 18 ans qui travaille déjà sera perçu comme un jeune en marge de la société, quelqu’un de perturbé… De mon côté, j’ai la chance d’être issu d’une famille aisée. Mais moi, c’est un autre problème que j’ai rencontré. Mon rêve est d’être écrivain. Mais c’est perçu comme un projet d’adolescent, irraisonné…pour la plupart de la population en tout cas. De ce fait, j’ai décidé d’aller étudier aux États-Unis. Je veux réussir dans ce métier et je veux mettre toutes les chances de mon côté pour y parvenir. Quant à l’avenir du pays, les jeunes se posent aussi beaucoup de questions. Erdogan est quelqu’un de conservateur et il y a une vraie fracture dans le pays. Istanbul est une ville incroyablement moderne avec une vie nocturne très animée. Les gens sont libres. Mais sur la côte Est, les gens sont bien plus conservateurs et stricts quant à la religion. Par exemple, la plupart des filles doivent rester vierges jusqu’au mariage. Enfin, l’autre problème en Turquie, c’est le chômage. J’ai beaucoup d’amis qui ont fait de grandes études et qui n’ont pas de travail. Le chemin le plus sûr pour avoir un bon emploi, c’est de jouer sur ton relationnel et connaître la personne qui te permettra d’atterrir là où tu le souhaites. »Crédit: Mert Unal
Erika Romero, 20 ans, Madrid, Espagne. « Mon futur professionnel ? Je sais qu’il ne sera pas en Espagne. J’aimerais travailler dans l’hôtellerie, mais ici, c’est très dur de trouver un bon travail. On peut trouver des petits boulots à droite à gauche, mais ce ne sont pas des boulots qu’on garde toute une vie. Tous les jeunes Espagnols sont très pessimistes. Nous sommes très impactés par la crise et ma génération la subit de plein fouet. On ose espérer que ça va changer… Mais on ne sait pas quand. »Crédit: Erika Romero
Apoorva Naidu, 19 ans, Nagpur, Inde. « Je suis sûre que je travaillerai dans le monde de la finance ou de l’économie. Je vois ma carrière aller très loin. J’espère et je crois qu’elle sera un succès. Toute ma génération est extrêmement optimiste pour sa carrière professionnelle. L’éducation entraîne cet optimisme. Les jeunes croient qu’ils peuvent faire carrière dans différents domaines tels que la publicité, le divertissement, la musique, l’art, la danse par exemple. Ce qui est bien car cela illustre le fait que toutes les professions se développent. Pas seulement les métiers liés à la médecine où à l’ingénierie par exemple. Mais d’un autre côté, l’Inde nécessitera encore beaucoup de temps pour véritablement être un pays développé. Quand on parle de « l’Indien moyen », on ne parle pas du jeune diplômé plein d’espoir pour son futur professionnel, mais d’un individu sans éducation qui vient d’un village pauvre. L’Inde a encore besoin de temps et de patience. Mais je suis sûre que ces problèmes seront résolus tôt ou tard ».Crédit: Apporva Naidu
Victoria Segovia, 19 ans, Londres, Angleterre. « J’aimerais être avocat dans le droit humain. Je suis optimiste parce que le gouvernement actuel veut créer plus de travail. Mais il s’agit de domaines précis. Par conséquent, il faut avoir le diplôme adéquat. Mais pour les étudiants qui ne font pas de grandes études, il est difficile d’être optimiste. J’ai de l’espoir pour mon futur car je veux faire de grandes études. Mais le principal problème en Angleterre pour les étudiants, c’est le prix des universités. Ça devient presque comme les États-Unis. C’est ridicule ! J’habite à Londres, dans le sud, mais je suis contrainte à faire mes études dans le nord du pays car c’est moins cher. Une année d’université revient à 900 pounds par an. Auxquels il faut ajouter le logement, la vie sur place. C’est ridicule d’avoir à payer autant quand on est étudiant…car il faut ensuite rembourser quand on commencera à travailler. C’est une problématique énorme pour tous les gens qui n’ont pas les moyens de payer. Ce système est stupide. »Crédit: Victoria Segovia
Soufiane Ait Dihim, 20 ans, Cannes, France. « En tant qu’étudiant en BTS dans le secteur du commerce des entreprises, j’aborde mon avenir avec confiance et détermination. En effet, les moyens d’éducation dans les études supérieures proposent un large choix de formations ainsi que de nombreuses aides sociales afin de parvenir à l’obtention d’un diplôme important. Toutefois, dans le contexte économique actuel, j’émets des doutes sur la validité et l’estime qu’apportent ces diplômes aux yeux des recruteurs… Mes proches sont dans des situations diverses, c’est-à-dire plus ou moins favorables. Ils optent en majorité pour un départ à l’étranger vers des pôles plus dynamiques. En outre, la question financière reste un facteur primordial dans le but d’accéder à des écoles prestigieuses, et l’assurance d’une embauche rentable semble en déclin. Personnellement, je crois en la jeunesse française, et c’est dans cette optique que je crois en l’avenir de la France. Notre pays doit redonner de sa puissance. Je suis convaincu que celle-ci est constituée de l’essence de notre identité nationale: l’unité, la fraternité, la liberté de tous mais surtout l’application du raisonnement démocratique sans modération. L’atmosphère politico-sociale est pesante, provoquant un manque d’espoir certain pour les années à venir, mais l’entrain de la jeunesse et du progrès technologique démontre que la dynamique générationnelle est effective ! »Crédit: Soufiane Ait Dihim
Sacha Zylinski
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