Daesh, au coeur du business pétrolier

Depuis mardi, l’Etat Islamique tente de mettre la main sur des puits pétroliers du nord de la Libye, proche du port d’Al-Sedra. L’occasion pour Buzzles de revenir sur les sources de revenus de Daesh, et en particulier sur le trafic d’or noir.

Les ressources financières de l'organisation Etat Islamique (crédit: Romy Marlinge et Antonin Deslandes)

Les ressources financières de l’organisation Etat Islamique (crédit: Romy Marlinge et Antonin Deslandes)

Sources : Reporterre, 20 minutes, Le Monde, Le Figaro.

 

« Nous tentons d’assécher les ressources financières du groupe [Etat Islamique] par les frappes », déclarait le président de la République le 18 décembre dernier. Dans un même temps, François Hollande annonçait que les opérations aériennes françaises menées après les attentats du 13 novembre avaient considérablement affaibli l’organisation terroriste.

Ainsi, ce début d’année 2016 est marqué par un recul des forces de l’Etat Islamique en Irak et en Syrie. Mais le groupe possède encore de nombreuses ressources, parmi lesquelles les puits de pétroles, devenus l’une des cibles principales de l’aviation de la coalition. L’Etat Islamique tire de l’or noir et des autres ressources naturelles syriennes et iraquiennes près de 50% de ses revenus et possède 60% des puits pétroliers syriens.

Qui sont les acheteurs ?

Le principal client est la Turquie. La frontière poreuse entre la Turquie et la Syrie a permis à Daesh de mettre en place un système de transit opaque. En 2014, ce trafic créait la polémique, le pétrole turc étant acheté par des pays membres de l’Union Européenne. « Malheureusement, des pays européens achètent ces ressources à Daesh », avait déclaré l’ambassadrice de l’UE en Irak Jana Hybaskova, avant d’ajouter qu’elle ne pouvait pas donner davantage d’informations quant aux pays concernés.

Le pétrole représente une manne financière importante pour l'Etat Islamique (crédit photo: Essam Al-Sudani/Reuters)

Le pétrole représente une manne financière importante pour l’Etat Islamique (crédit photo: Essam Al-Sudani/Reuters)

Par ailleurs, l’Etat Islamique revendrait aussi son or noir au président syrien Bachar el-Assad, d’après les autorités américaines. Damas étant privé de plus de la moitié de ses ressources pétrolières, elle se trouve contrainte de négocier avec l’organisation.

Enfin, Daesh revend son pétrole sur son propre territoire, aux citoyens syriens et iraquiens qui en usent.

La Libye, nouvel eldorado

Face à l’offensive de la coalition sur les territoires syriens et iraquiens, l’Etat Islamique riposte en Libye. Le pays est le quatrième plus gros producteur de pétrole d’Afrique, et l’or noir avait copieusement enrichi l’Etat sous Kadhafi après sa nationalisation. Il existe de nombreux puits entre Syrte et Benghazi, mais également au sud de Tripoli à l’ouest du pays.

A l’heure actuelle, la production de pétrole en Libye représente 2% de la production mondiale, et 80% de cette production est importée en Europe. Une motivation supplémentaire pour Daesh, de plus en plus présent dans cette zone du globe.

Romy Marlinge

Antonin Deslandes