[FIPA] »La fin de la nuit », mais pas la fin de l’ennui

Dans son nouveau film, Lucas Belvaux dépeint la descente dans la folie d’une femme hantée par son passé. Décevant.

Lorsque la sonnette de Thérèse (Nicole Garcia), sexagénaire vivant seule à Paris résonne, sa vie change. Elle qui n’attendait plus rien de la vie depuis longtemps va renouer avec son sombre passé. Derrière la porte, Marie (Louise Bourgoin). Sa fille de 20 ans, qu’elle ne voit que très peu « une semaine par an ». Fraîchement débarquée de Bordeaux, elle cherche à fuir la bourgeoisie de sa famille paternelle.  sa mère, elle va avouer sa relation avec Mourad. Elle est très amoureuse. Mais pour beaucoup, ce couple est improbable. Lui est né de parents réfugiés, attachés aux valeurs traditionalistes. Elle n’est pas musulmane, et refuse de s’y convertir : le mariage n’est pas envisageable.

Une photographie convaincante, une interprétation décevante

Pour aider Marie, Thérèse va chercher à rencontrer le jeune homme, elle sort de sa torpeur, de sa solitude, de son silence. Au contact de Mourad, elle se révèle, elle renaît. Il lui p
lait, et elle lui plait. Il trouve chez elle une maturité et une culture que sa petite amie ne possédait pas. Elle trouve chez lui un nouveau souffle de jeunesse. Mais le terrible passé de Thérèse remonte à la surface. 20 ans auparavant, exaspérée par son mari, elle a essayé de le tuer. Une tentative de meurtre rapidement étouffée par sa famille, « c’est comme cela que ça se passe dans la bourgeoisie », souffle-t-elle. Mais du souffle, il ne lui en reste plus beaucoup. Sa relation impossible lui donnera le courage de renouer le contact avec son ex-mari et sa famille, et d’aller mourir en paix, dans sa région, le Sud-Ouest.

LA FIN DE LA NUIT

Une interprétation décevante de Louise Bourgoin et Nicole Garcia. Crédit Photo : France 3

Tiré du roman éponyme de François Mauriac, cette adaptation de Lucas Belvaux, déçoit, ennuie. Si la photographie est plutôt convaincante, cela ne suffit pas à sauver le long-métrage. Le jeu des acteurs donne envie de vider une boite de Prozac sur le champ, on pourrait presque croire que les deux actrices principales Nicole Garcia et Louise Bourgoin ont été forcées à accepter ces rôles. C’est réellement dommage lorsque l’on sait ce dont elles sont capables. Nicole Garcia n’est pas crédible une seule seconde en femme épuisée par la vie, et à aucun instant on ne ressent quelconque émotion ou empathie pour elle. Le piano qui accompagne quasiment chaque seconde du film épuise. Las, on retrouve un effet « film français pseudo-intellectuel » si ampoulé, si souvent moqué.

Caricature de lui-même, « La fin de la nuit » vous accompagnera probablement un dimanche après-midi pendant votre sieste devant France 3. Il a d’ailleurs peut-être été produit pour ça.

Cyrille Ardaud